Un enfant sur quatre voit mal. Myopie, astigmatisme... doivent être dépistés au plus vite. Bien voir, c'est essentiel pour bien apprendre. Et pour s'épanouir aussi.
L'impact des troubles de la vision chez l'enfant
L’œil peut être comparé à un appareil photographique. En l'absence d'un trouble visuel, le paysage, l'objet ou le texte regardé par l'enfant se projette sur sa rétine, qui lui restitue ces images de manière nette.
Mais lorsque l'enfant souffre d'un trouble de la réfraction, les images deviennent floues ou se déforment, comme un appareil mal réglé une enquête récente précise que 25 % des moins de quinze ans souffrent d'une déficience visuelle (parmi eux, 46 % sont astigmates, 38 % sont hypermétropes et 38 % myopes).
Si la plupart bénéficient d'une correction visuelle, certains ne sont pas détectés. Ils doivent alors fournir un effort plus ou moins intense pour essayer de bien voir. À terme, cela peut entraîner une fatigue importante et un relâchement de leur attention, risquant de compromettre leur scolarité et, dans des cas extrêmes, de les voir se replier sur eux-mêmes.
Parents : soyez attentifs à certains signes
Sans contrôle ophtalmologique régulier, dépister un éventuel problème de vue chez son enfant n'est pas simple, ce dernier pouvant sembler bien voir. Toutefois, en l'observant, on peut détecter à certains signes une déficience visuelle devant amener à consulter un ophtalmologiste. Voici les principaux signes :
- Votre enfant cligne souvent des yeux.
- Il fronce tout le temps les sourcils dès qu'il regarde quelque chose au loin.
- Il regarde la télévision de très près.
- Il écrit ou lit le nez sur son cahier ou sur son livre.
- Il confond certaines lettres (ce n'est pas forcément de la dyslexie).
- En lisant, il perd sa ligne.
- Il a les yeux rouges ou qui piquent en fin de journée.
- Il se plaint de maux de tête ou de douleurs dans la nuque en rentrant de l'école.
- Il supporte difficilement les très fortes luminosités.
Examens : lesquels pratiquer et à quelle fréquence ?
La vue de l'enfant se perfectionne au fil des ans. A l'âge de trois ans, sa vision est nette à partir de cinq centimètres et plus, et entre six et dix ans, à partir de sept centimètres.
Durant cette période, il est vivement recommandé de faire vérifier, au moins deux fois, la vue de ses enfants chez l’ophtalmologiste. Plus souvent si vous avez le moindre doute.
Avant que l'enfant sache lire, son acuité visuelle peut être testée à l'aide de formes, d'images, d'objets placés à cinq mètres de lui. Il doit pouvoir les comparer à ceux dessinés sur un carnet. Après, l'ophtalmologiste utilise un tableau de lettres de tailles différentes ou des projections de diapositives. Il vérifie également la cornée et le cristallin à l'aide d’une lampe à fente (sorte de microscope).
L'acuité visuelle est mesurée sur une échelle qui va d'un à dix/dixième (excellente vue). Jusqu'à huit/dixième, l'enfant peut se passer de porter des lunettes en permanence. Seuls les petits détails lui échappent. En deçà, elles deviennent nécessaires.
Il voit mal de près : il est hypermétrope
Ce trouble se caractérise par une bonne vision de loin et mauvaise de près. L'œil est, en fait, "trop petit" et l’image se forme en arrière de la rétine et non juste dessus. Légèrement présente à la naissance, l'hypermétropie s'atténue, normalement, au fil des années puisque l'œil s'allonge avec la croissance. En général, elle disparaît entre l'âge de six et dix ans.
Si le trouble persiste, pour voir nettement, l'enfant hypermétrope est obligé d'accommoder en permanence (l'oeil "travaille" pour régler sa vision). Cet effort soutenu provoque des picotements, une fatigue des yeux, des maux de tête, notamment après un exercice de lecture prolongé. L'enfant peut aussi éprouver des difficultés à bien voir au tableau.
Corriger une hypermétropie persistante est nécessaire afin d’éviter l'apparition d'un strabisme, l'enfant "forçant sur ses yeux". L'ophtalmologiste prescrit le port de verres convexes (bombés vers l'extérieur) qui permettent une mise au point normale.
Peu hypermétrope, l'enfant portera ses lunettes pour travailler à l'école, pour jouer sur ordinateur ou regarder la télévision. Fortement hypermétrope, il devra les mettre en permanence pour avoir une bonne vision tant de près que de loin, et pour éviter les risques de convergence.
Attention : Le dépistage visuel pratiqué à l'école consiste à lire sur un tableau accroché au mur, ce qui permet rarement de détecter une hypermétropie, l'enfant se forçant à lire.
Il voit mal de loin : il est myope
La myopie se caractérise par une bonne vision de près, mais très floue au-delà de quelques mètres. L'œil est en fait, "trop long", et l'image se forme devant la rétine et non dessus.
La myopie, souvent héréditaire, apparaît vers l'âge de dix ans. Elle s'accentue tant que l'œil grandit, puis se stabilise à l'âge adulte.
Ce défaut visuel se rencontre plus souvent qu’auparavant et certains spécialistes parlent de "myopie scolaire". L'œil, normalement constitué pour voir de loin, est, à l'école, en permanence sollicité pour voir de près. II finit par s'adapter afin de pouvoir lire de près sans fournir d'effort. Mais ce qu'il gagne en confort visuel rapproché, il le perd en vision de loin, dont l’apparition de la myopie.
Elle se corrige par le port de lunettes aux verres concaves (surface creuse). Avec une myopie légère, l'enfant portera ses lunettes uniquement pour voir de loin : le tableau à l'école, un film au cinéma, etc. Si elle est forte, il devra les garder en permanence afin de ne pas vivre dans un monde trouble.
Attention : Les enfants fortement myopes ont les yeux très fragiles. En cas de choc important (en cours de récréation ou au sport), il est préférable de faire examiner leurs yeux chez l'ophtalmologiste pour vérifier qu'il n'existe pas de lésion risquant de provoquer un décollement de rétine.
Il voit flou : il est astigmate
L'astigmatisme est dû à une irrégularité de courbure de la cornée. L'image restituée est donc déformée. En général, l'enfant astigmate distingue mieux les lignes verticales qu'horizontales. Il peut être, en plus, myope ou hypermétrope.
Dès qu'un enfant porte des lunettes, il est indispensable de faire surveiller sa vue régulièrement. En moyenne, tous les six mois à tous les ans selon les cas.
A quelle distance ?
Pour lire un livre : demander à l'enfant de poser son coude sur son livre ouvert, puis de replier son avant-bras, le poing fermé et le pouce levé. Ses yeux doivent alors se trouver au niveau de son pouce.
Pour jouer (ou travailler) sur ordinateur : son visage doit être éloigné d'environ quarante centimètres de l'écran. Ce dernier doit être disposé perpendiculairement à la fenêtre. La lumière indirecte doit être orientée vers le plafond, aucun reflet ou éblouissement ne doit apparaître sur l’écran.
Pour regarder la télévision : il doit être assis à plus d'un mètre de l’écran.
Bon à savoir : les écrans d'ordinateur et de télévision sont souvent tenus pour responsables des problèmes de vue de l’enfant. En fait, ils ne les provoquent pas, mais révèlent des défauts existants, souvent non dépistés.
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