En entrant un jour à l'école, je vis, au milieu de la salle, un enfant assis tout seul dans un petit fauteuil, et qui ne faisait rien. Il avait sur la poitrine la pompeuse décoration préparée par la maîtresse.
Celle-ci raconta que l'enfant était en pénitence. Peu de temps auparavant, elle en avait récompensé un autre, en lui accrochant la croix dorée. Mais cet autre enfant, en passant auprès du petit puni, lui avait transmis sa croix, comme un objet inutile, et encombrant pour un garçon qui voulait travailler.
L'enfant puni contemplait ce médaillon avec indifférence, et puis regardait tranquillement autour de lui, sans être accablé le moins du monde par le poids du chatiment.
Ce premier incident anéantissait d'emblée toutes les sanctions. Mais nous voulions pousser l'observation plus avant et ce n'est qu'après une très large expérience que nous en avons admis la confirmation, après que, le fait constamment répété, la maitresse eut ressenti une espèce de gêne à distribuer récompenses et punitions à ces enfants qui ne faisaient pas plus de cas des unes que des autres.
On ne distribua donc plus rien. Ce qui nous avait le plus surpris avait été le fréquent refus de récompenses. Il y avait un réveil de la conscience, un sens de la dignité qui n'existait pas auparavant.
Bien du temps devait passer avant que je fusse convaincue que le refus des bonbons avait une raison en soi. Les bonbons, c'est-à-dire la gourmandise apportée comme récompense, comme futilité, représentaient un aliment superflu et irrégulier. Cela me paraissait tellement extraordinaire, que je répétai l'expérience avec insistance. J4apportai donc des bonbons ; les enfants les refusaient. Ils les mettaient dans la poche de leur tablier. Je pensai qu'étant si pauvres, ils voulaient les apporter à leur famille, et je leur dis : "Ceux-ci sont pour toi, et ceux-là, pour emporter chez toi." Ils les prenaient, mais les mettaient tous dans leur poche et n'en mangeaient aucun. Ils appréciaient pourtant le cadeau, car, une fois, un de ces enfants, retenu au lit, fut si reconnaissant de recevoir la visite de la maitresse, qu'il ouvrit un tiroir, en tira un gros bonbon qu'on lui avait donné en clsse, et le lui offrit. Le bonbon était resté là, pendant des semaines, et l'enfant ne l'avait pas touché. Ce phénomène fut si général parmi les enfants que, dans les écoles qui s'ouvrirent par la suite, de nombreux visiteurs le constatèrent ; on écrivit, à l'époque, des livres sur ce sujet. Il s'agit là d'un fait psychique spontané et naturel. Personne n'a voulu enseigner tout à coup la pénitence et supprimer les bonbons. Il ne pouvait venir à personne la curieuse fantaisie d'affirmer : "Les enfants ne doivent ni jouer ni manger des bonbons." Ils refusaient spontanément, des douceurs extérieures inutiles, tandis qu'ils s'élevaient à a vie spirituelle.
Il arriva qu'un visiteur distribua des biscuits en forme de figures géométriques. Les enfants, au lieu de les manger les regardaient, intéressés, en disant : "Ca, c'est un cercle ; ça, c'est un rectangle!"
Une autre anectode est celle du petit enfant qui regardait sa maman faire la cuisine ; celle-ci, prenant un morceau de beurre entier : "C'est un rectangle!" S'écria l'enfant. La maman, en coupant un coin, l'enfant lui dire : "Et maintenant, c'es un triangle" et il ajouta : "Il reste un trapèze". Mais il ne lui dit pas la phrase habituelle : "Donne-moi du pain et du beurre!"
Source: Livre "L'enfant" - Maria Montessori
Bonsoir,
ma fille de deux ans et demi commence sérieusement à s’affirmer par le « non » et le soutien du regard mais aussi dans des actions dangereuses telles que de déjouer la fermeture de la porte de la clôture du jardin et de courir sur la rue.
Étant contre le fait de la mettre « au coin » je ne sais que faire.
Merci de me donner votre avis.
Cordialement