J'ai décidé de créer une série d'articles répondant aux phrases toutes faites, souvent fondées sur des légendes, lancées au visage des (jeunes) parents. J'ai débuté cette série avec un billet qui parlera sûrement à beaucoup d'entre vous > non laisser pleurer un bébé ne lui fera pas les poumons !
Aujourd'hui j'aimerais parler d'une seconde phrase, toute aussi connue auprès des parents : "Arrête de le prendre dans les bras, tu vas en faire un capricieux!". Je dois avouer que celle-ci fait partie de mon top "phrases les plus irritantes". Je pense aux futurs parents qui entendront ce genre de réflexion et qui mettront un frein à leur instinct par peur de ce petit être qui va devenir capricieux, plein de mauvaises habitudes.
Un bébé est un petit mammifère, il a vécu plusieurs mois dans le ventre de sa mère où il était au chaud, en sécurité, alimenté sans effort particulier. Du jour au lendemain, pouf, un nouveau monde se révèle à lui, tout est inconnu pour lui. Il tisse depuis sa vie in-utero un lien très fort avec sa maman, elle sera pour lui une base de sécurité. Un bébé qui pleure puis s'apaise au contact de maman, on en conclura "Oh le caprice, il voulait les bras !". Mais le comportement de bébé est tout à fait NORMAL ! En réalité, il ne demande pas "vos bras", il demande à ce moment précis votre chaleur, votre odeur rassurante. Cette sécurité affective que vous allez lui procurer, ce besoin important que vous allez combler, tout ceci le fera grandir et s'épanouir. Vous êtes sa source d'amour inconditionnelle. Vous êtes sa figure d'attachement, c'est-à-dire qu'il se sent suffisamment en sécurité avec vous pour pouvoir se décharger.
On fait peur aux parents en leur disant : "Fais attention, si tu le prends tout le temps dans les bras il va avoir de mauvaises habitudes - il va être capricieux". Des croyances bien ancrées dans nos cultures, mais aujourd'hui les neurosciences viennent au secours des enfants et démontrent clairement que tout ceci est totalement faux, infondé et n'aide pas les parents.
Caprices ? Mauvaises habitudes ?
Bien que les mentalités commencent petit à petit à bouger, nous sommes encore assez loin du compte... Lorsque je venais d'avoir mon premier bébé, une puéricultrice m'a dit "Vous pouvez le prendre dans vos bras lorsqu'il pleure, il ne fera pas de caprices avant 6 mois" Je vous l'avais dit, nous sommes encore loin du compte, mais ça m'a laissé le temps de me renseigner sur ces fameux caprices que feraient les enfants !
Il faut savoir qu'en réalité les caprices ne peuvent apparaître avant l'âge de 5-7 ans à cause de l'immaturité du cortex préfontal et des circuits relayant l’information entre le cortex et le système limbique. Les caprices sont surtout le jugement, l'interprétation, l'étiquette
De plus, on aime bien en rajouter une couche en disant aux jeunes parents : "Attention, il va prendre de mauvaises habitudes". Ne pas confondre habitudes avec BESOINS. Un enfant a des besoins, pour certains beaucoup et intenses, mais cela n'a rien à voir avec de mauvaises habitudes. C'est, une fois encore, très mal connaitre le cerveau de l'enfant et les neurosciences actuelles. Une fois le besoin comblé, le réservoir affectif rempli, l'enfant, sûr de lui, va pouvoir se détacher et faire son propre chemin. Je me suis toujours dit : "Et si un enfant s'habitue à l'amour et aux câlins de ses parents, est-ce vraiment quelque chose de mal?! Et puis j'ai rarement vu des adolescents toujours bercés dans les bras de maman" Je pense qu'il serait bon de faire un peu plus confiance à nos enfants, nous serions surpris !
Mais qu'est-ce qui se cache derrière cela ?
Derrière ce jugement, nous donnons à notre bébé une intention mauvaise. On pense qu'il cherche à nous manipuler car c'est ça l'idée d'un caprice, manipuler son parent pour obtenir ce qu'on souhaite. C'est d'ailleurs comme cela qu'on rentre dans une relation de dominant/dominé avec nos enfants qui mènera à beaucoup de colères et frustrations.
Un bébé n'est pas dans le calcul, il reçoit simplement ses émotions de plein fouet, sans filtre, sans possibilité de s'apaiser seul. Il a besoin du cortex préfrontal de son parent, qui lui est mature et permet de prendre du recul, de réfléchir, d'analyser la situation. Sans oublier qu'avant l'acquisition du langage, les pleurs sont l'unique moyen de communication d'un enfant.
D'ailleurs, je remarque beaucoup de fois que l'instinct maternel guide énormément les mamans et qu'elles devraient un peu plus s'écouter ELLES (plutôt que l'entourage) et se faire beaucoup plus confiance. J'ai beaucoup de retours de mamans qui refusent de laisser pleurer, prennent de suite leur bébé dans les bras, le bercent, l'accompagnent quand il a besoin de se décharger, etc... mais la plupart sont freinées par un entourage très mal informé. Certaines vont se faire confiance jusqu'au bout, s'écouter et écouter leur bébé et d'autres tellement soucieuses de vouloir bien faire mais qui doutent sûrement beaucoup d'elles vont écouter les autres en tant "qu'experts", mais c'est VOUS les meilleurs experts de vos enfants ! Personne ne connaît vos bébés mieux que vous, alors ne doutez plus !