34 % des enfants de 2 à 7 ans sont en surpoids, dont 17 % sont en situation d'obésité. Pourquoi ? Les réponses et les solutions des spécialistes pour prévenir et surtout corriger les kilos en trop.
Le surpoids des enfants : un phénomène grave
Le problème est si grave que l'on parle d'une véritable épidémie ! En France, le pourcentage d'enfant une surcharge pondérale est passé de 3,1% en 1965 à 5,2% en 1980, 12% en 1996, 16% en 2000 et enfin 34% en 2021 – dont la moitié en situation d’obésité !
Depuis vingt ans déjà, l'Organisation mondiale de la santé a reconnu la nécessité d'une politique de prévention de l'obésité chez les enfants.
En France, des consultations et plus d'une trentaine de centres de prise en charge spécialisés pour les jeunes obèses sont ouverts. Médecins et chercheurs multiplient les initiatives pour tenter de mieux traiter et surtout de prévenir ce fléau. Ils insistent, en particulier, sur la surveillance de l'alimentation des enfants dès leur plus jeune âge. Ainsi, d'après une enquête effectuée par l'Observatoire de l'alimentation infantile (OAI) auprès de 2 000 médecins, pour 92 % d'entre eux l'alimentation des bébés joue un rôle important dans la prévention de l'obésité.
Mais si les petits sont très suivis durant la première année, malheureusement, après deux ans, les médecins comme les parents se désintéressent de cette question. D'où l'idée défendue par le Pr Bertrand Chevalier, pédiatre, de mettre en place un carnet de suivi alimentaire.
Il pourrait être rédigé à la fois par les médecins et les parents, et permettrait de mieux savoir ce que mange l'enfant et comment. Ce carnet serait aussi un bon moyen de détecter un éventuel trouble du comportement alimentaire (voir plus bas). Mais en plus de l'alimentation, les parents, comme les médecins, doivent s'intéresser à d'autres paramètres : les dépenses physiques de l'enfant, son environnement scolaire et familial...
Il ne faut pas négliger les facteurs psychologiques, car l'origine d'un surpoids est parfois très éloignée d'un simple désordre métabolique. « Gare au silence. Souvent les enfants obèses parlent peu. Par exemple, dans des familles où l'on exprime rarement ses sentiments, des enfants auront peut-être tendance à les réprimer, à les... "manger" », explique le Dr Bernard Waysfeld, psychiatre et nutritionniste.
Votre enfant est-il concerné par un surpoids ou une obésité ?
« Il y a de plus en plus de jeunes atteints de troubles du comportement alimentaire. Et en 25 ans d'exercice professionnel, je m'aperçois que cela touche des enfants de plus en plus jeunes. Aujourd'hui, il n'est pas rare de constater une anorexie dès l'âge de 8 ans », explique le Dr Marie-France Leheuzey, psychiatre pour enfants et adolescents. Mais d'autres comportements entraînent un surpoids ou une obésité dont souffre, en France, plus d'un enfant sur dix.
Les mauvaises habitudes alimentaires de l’enfant
On ne s'en aperçoit pas forcément. Mais certaines habitudes alimentaires risquent d'entraîner l'enfant sur une mauvaise pente si rien n'est corrigé à temps. Il y a surtout danger quand ces comportements deviennent répétitifs, systématiques, entraînant alors une sorte d’accoutumance.
Il grignote en dehors des repas : chips, pop-corn, biscuits, barres chocolatées. Tous ces en-cas sont volontiers pris devant la télé, au cinéma, ou entre copains pendant la récré.
- Il mange beaucoup pendant les repas : une attitude plutôt masculine. Il engouffre la nourriture, finit tous les plats et les assiettes des autres, boit deux-trois verres de soda (ou de bières à l'adolescence).
- Il mange par pulsions. L'enfant ou l'adolescent (très souvent une fille) se trouve irrésistiblement attiré par un type d'aliment. Il (ou elle) ressent un besoin irrépressible de biscuits au chocolat, de chouquettes, etc. « À la maison, par exemple, elle grignote le tour de la tarte. Alors, elle mange sans véritablement manger puis, finalement, à faim. La jeune fille peut être consciente de son trouble et en souffrir », raconte le Dr Waysfeld.
Ces différents comportements alimentaires sont parfois liés au stress : difficultés scolaires, période d'examens, les ados n'y échappent pas. Si le stress coupe l'appétit de certains, il le décuple chez d'autres qui compensent leurs soucis en mangeant particulièrement des aliments sucrés, synonymes de douceur.
A cela il faut ajouter les phénomènes hormonaux chez les adolescentes. Sous l'influence des cycles menstruels, elles sont sujettes à un dérèglement de leur appétit. Et, quelques jours avant leurs règles, une rétention d'eau peut leur faire prendre parfois jusqu'à deux kilos.
Mon enfant est-il en surpoids ?
Avant de se lancer dans un régime amaigrissant, il est préférable de s'assurer de sa réelle utilité.
Pour cela, vérifiez plusieurs paramètres :
Le calcul médical :
L’indice de masse corporelle est la référence utilisée par tous les spécialistes, IMC : Poids en kg/Taille² (en mètres). Exemple : 39 kg pour 1,40 m, IMC = 39 / (1 x 1,40) = 19,89.
- Chez les filles : à 12 ans, l'IMC doit être compris entre 17 et 18 ; à 14 ans, entre 19 et 20 ; à 16 ans, entre 20 et 21.
- Chez les garçons : à 12 ans, l’IMC doit être de 17 ; à 14 ans, il doit être compris entre 18 et 20 ; à 16 ans, il doit être de 20.
L'indicateur de poids souhaitable :
Avec la formule de Lorentz, on peut savoir quel poids devrait faire l'enfant, (la taille en centimètres - 100) (la taille en centimètres - 150 divisé par deux chez les filles et par quatre chez les garçons).
Exemple : pour une fille de 1,70 m : (170 - 100) - ((170 - 150)/2) = 70 - 20/2 = 70 - 10 = 60 kg.
Le tour de taille : un petit "truc" simple :
- Chez les filles : si le tour de taille est égal ou supérieur à 88 cm, il est temps de se mettre au régime
- Chez les garçons : S’il dépasse 94 cm, même programme.
Comment ce surpoids est arrivé ?
Les "mauvaises" habitudes alimentaires ont de nombreuses causes, dont :
- La multiplication des fast-foods et des snacks : le nombre des repas pris ensemble a diminué. Après l'école, des enfants sont souvent seuls le soir chez eux et doivent se débrouiller pour dîner, sans le moindre contrôle parental. Un paquet de chips, une boisson sucrée constituent parfois l'essentiel du repas.
- Les effets de certaines modes, aux conséquences néfastes sur un enfant ou un adolescent fragilisé. Ainsi, des jeunes s'intéressent de plus en plus à leur image corporelle. Cela peut devenir une réelle préoccupation jusqu'à entraîner des comportements "déviants".
Et si environ 40 % des adolescentes se trouvent trop grosses, dans la réalité, elles ne sont que 10 % à avoir besoin de perdre des kilos. Les autres souffrent de "dysmorphophobie" : elles pensent qu'une partie de leur corps n'est pas normale, mais tout est dans leur tête.
Elles ont, en fait, un trouble passager de leur image corporelle. Sans oublier qu'à l'adolescence de nombreuses jeunes filles conservent encore des rondeurs juvéniles qu'elles perdront par la suite.
Qui va aider mon enfant à perdre du poids ?
On a intérêt à réagir le plus tôt possible. Corriger des comportements alimentaires sera d'autant plus facile que les choses sont prises à temps. Si l'on attend, en modifiant certaines habitudes, on risque d'engendrer chez l'enfant d'importantes frustrations.
La famille
Elle peut intervenir et aider l'enfant du mieux qu'elle le peut. En discutant avec lui de son problème... avec tact, c'est-à-dire en évitant les réflexions dévalorisantes, humiliantes : "Tu as vu tes fesses", "Arrête de te goinfrer ! "
Les parents servant de "modèles" pour l'éducation, il faut être cohérent entre ce que l'on dit à l'enfant et ce l'on fait soi-même.
"Ne mange pas de frites plus d'une à deux fois par mois"... et soi-même en manger à toutes les occasions. Enfin, le Dr Marie-France Leheuzey rappelle que « la mère et le père doivent éviter de donner à l'enfant des "messages" contradictoires.
L'un lui demande de surveiller son alimentation... et, le lendemain, l'autre lui reproche de ne rien manger ! »
Le nutritionniste
L'avis d'un généraliste ou d'un nutritionniste est souvent nécessaire. En accord avec l'enfant et la famille, et en fonction de leurs contraintes, le médecin modifiera certaines habitudes alimentaires. Il devra avoir un bon contact, être psychologue, et permettre un dialogue. Deux ou trois consultations suffisent parfois, certaines paroles étant libératrices.
Une obésité peut cacher de nombreux dysfonctionnements (métaboliques, comportementaux, psychologiques...). Aussi, parler du poids pour traiter le poids ne sera pas toujours la solution la plus efficace.
"Au départ", le problème de I enfant obèse peut être très éloigné de celui du poids. Si, par exemple, sa mère est dépressive et pleure souvent, on peut expliquer à l'enfant qu'il n'est en rien responsable et ne doit donc pas culpabiliser. Dernière recommandation contrairement à ce que l'on peut dire, il est important de parler à table. C'est un moment qui doit sortir de l'aspect alimentaire et matériel pour se situer dans l'ordre du symbolique (par les mots). Grâce à la parole, on mettra une distance avec ce que l'on mange.
Enfants en surpoids ou obèses : les 3 clés pour maigrir
1. Surveiller son alimentation
Il est important de prendre ses repas assis à table, de manger lentement et de mâcher. La satiété arrive plus vite.
Au petit déjeuner : un produit laitier, un produit céréalier, un fruit ou un jus de fruits.
Au déjeuner : une viande, un poisson ou des œufs (sans sauce), des légumes (ou un féculent), un laitage et un fruit. A éviter : la crème au chocolat ou la glace quotidienne.
Au goûter : il doit être "intelligent" ! un laitage, un fruit ou des tomates cerises, etc. A éviter : les pains au chocolat ou aux raisins, les barres chocolatées, les gâteaux.
Au dîner : on peut se contenter d’un plat unique et d'un laitage. Penser à la soupe qui apporte fibres et vitamines, qui rassasie et permet de consommer un tiers de calories en moins. Il faut penser à boire 1,5 l d'eau tout au long de la journée. En dehors des repas, un verre d’eau sera idéal pour tromper une petite faim.
2. Le sport est indispensable
Une activité physique quotidienne est nécessaire (marche à pied pour aller au collège plutôt que le bus ou la voiture), ainsi que la pratique d'un sport deux heures par semaine.
Il est à choisir en fonction des goûts de chacun et des modifications qu'il apportera à la silhouette.
- Modeler les cuisses et les fesses : vélo, roller, natation.
- Avoir un ventre plat : les filles préféreront peut-être la gymnastique ou la danse, deux sports qui font particulièrement travailler les abdominaux, et les garçons, un sport de combat.
- Faire travailler les épaules : basket ou volley. Quel que soit le sport, il est à pratiquer quarante-cinq minutes d'affilée, sinon l'organisme ne puise pas dans les graisses.
On compte six mois pour voir fondre 1 à 2 % de graisses.
3. Ne pas regrossir
Après le régime, l'enfant doit stabiliser son poids et revenir très progressivement à un nombre de calories normal.
Il ne doit pas rester plus de cinq heures sans manger, sous peine de se jeter sur n'importe quoi.
Éviter les gâteaux, les barres chocolatées qui apportent des calories inutiles, les aliments gras (charcuterie, chips...).
En cas d’excès, les sucres et les graisses vont mettre trois jours à "se fixer". Réagir rapidement évite ces kilos. Il faut alléger les repas suivants et faire du sport.
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