La composition des laits artificiels s'améliore sans cesse pour s'adapter aux besoins des nourrissons bien portants ou ayant des problèmes. Quels progrès peut-on encore espérer ? Quel lait pour quel nourrisson ? Nous vous éclairons dans cet article.
Une composition qui se rapproche de plus en plus du lait maternel
Pendant de nombreuses années, les laits artificiels n'ont été qu'une pâle copie du lait de mère. Aujourd'hui, s'ils n'en sont pas la réplique, leur composition s'en rapproche de plus en plus.
Leur grande diversité et leur sophistication permettent, à l'heure actuelle, de satisfaire le plus grand nombre de bébés (ceux souffrant de constipation, de régurgitations, d'intolérance au lactose...). Des avantages importants pour la bonne croissance des tout-petits qui ne sont pas allaités.
La composition des laits artificiels répond à des normes légales très strictes. Cependant, ces dernières proposent seulement une fourchette en ce qui concerne les protéines, les lipides, les glucides, le lactose, les vitamines, etc.
Chaque lait peut donc avoir des teneurs différentes en sucres, protides, glucides et sels minéraux, ce qui lui donne une particularité. C'est pourquoi, selon les bébés, certains laits conviennent mieux que d'autres.
Les meilleurs laits pour bébé selon sa condition
Votre bébé est né avant terme
Il a besoin d'un lait plus riche en protéines, supplémenté en triglycérides, en acides gras essentiels et en vitamines (B9, C, D, E). Aujourd'hui, la plupart d'entre eux sont enrichis en acides gras polyinsaturés. Le tout-petit peut ainsi rattraper sa croissance et poursuivre sa minéralisation osseuse. Ces laits sont conseillés jusqu'à ce que bébé ait atteint son terme théorique.
II a tout le temps faim
Votre bout de chou ne peut attendre plus de deux heures entre chaque biberon. Il est alors préférable d'opter pour un lait riche en caséine, c'est-à-dire dont les protéines n'ont pas été modifiées. Il ralentit la vidange gastrique et procure une meilleure sensation de satiété.
Il souffre souvent de constipation
Votre bébé a de petits problèmes intestinaux, proposez- lui un lait riche en lactose (un des sucres contenus dans le lait). Ce dernier a un léger effet laxatif.
Attention ! Certains nourrissons ne supportent pas le lactose après avoir eu une diarrhée. Chez d'autres, il a tendance à provoquer des ballonnements.
Il est ballonné après avoir bu son biberon
Ces ballonnements sont généralement dus à une mauvaise digestion des protéines et du lactose. Les laits fermentés (ou acidifiés) contiennent des ferments lactiques (bifidus, lactofidus...) qui facilitent la digestion et assurent un meilleur confort digestif.
Ils sont aussi recommandés aux nourrissons intolérants au lactose durant les premiers mois de vie.
Les préparations à base de soja, qui ne contiennent ni lactose ni protéines de vache, peuvent être utilisées dans cette situation. Ces formules 100 % végétales sont équivalentes, nutritionnellement, aux laits artificiels.
Il a tendance à régurgiter
Les régurgitations sont fréquentes chez les nourrissons puisque, selon les études, 18 à 40 % d'entre eux en sont atteints. Si votre tout-petit a un reflux non compliqué, un lait pré-épaissi peut suffire à diminuer ses régurgitations.
Aujourd'hui, la viscosité de ces laits est obtenu par l'ajout de caroube, d'amidon de riz ou de maïs. Auparavant, les mamans devaient adjoindre au biberon des fibres non digestibles, délicates à doser et se mélangeant mal au lait.
Son frère ou sa sœur est allergique
Certains bébés sont considérés, plus que d'autres, "à risque" allergique. Il s'agit des nourrissons ayant un frère ou une sœur, intolérant aux protéines du lait de vache, ceux ayant un parent allergique, ou les tout-petits qui ont été allaités. Il est conseillé de leur donner un lait partiellement hydrolysé. La formule permet de réduire le risque allergique, notamment dans le cadre des manifestations digestives et cutanées survenant la première année.
II vient d'avoir une diarrhée
Aujourd'hui, on préconise une réalimentation précoce (dès la sixième heure après le début de la réhydratation).
Il est préférable de nourrir votre tout-petit malade avec un substitut sans lactose (ou pauvre en lactose) pendant une semaine. Cette précaution lui évitera une récidive ou un ballonnement abdominal.
Et demain, quels progrès pour le lait de bébé ?
Le lait de mère gardera longtemps son incontestable suprématie. Car si l'on est arrivé, dans les laits artificiels, à incorporer certains de ses composants, il y en a encore de nombreux pour lesquels on ne sait comment faire (anticorps maternels, enzymes aidant à la digestion...).
Après les améliorations qui ont déjà été apportées aux laits artificiels, les progrès seront maintenant de plus en plus difficiles à obtenir. Vers quoi s'oriente-t-on ?
Ajouter des acides gras polyinsaturés à longue chaîne dans les laits pour nourrissons
Ceux destinés aux pré-maturés en contiennent déjà.
Les acides gras polyinsaturés à longue chaîne sont présents dans le lait maternel. Diverses études tendent, d'ailleurs, à montrer que les bébés allaités auraient un développement psychomoteur plus rapide que les autres.
Ils pourraient participer à cet effet bénéfique sur les performances psychomotrices du tout-petit. Ils interviendraient dans le développement du système nerveux. Passé les premiers mois de vie, le bébé est à même de les synthétiser lui- même en quantité suffisante. Toutefois, avant de les incorporer aux laits pour nourrissons, il reste des problèmes technologiques et de coût à grande échelle à résoudre.
Faut-il supplémenter en nucléotides ?
In vitro, on sait montrer que les nucléotides jouent un rôle immunitaire. Mais on manque de données cliniques pour prouver leur réel avantage chez l'enfant. A suivre...
Travailler sur les protéines fonctionnelles
Le lait de vache, à partir duquel sont fabriqués les laits pour nourrissons, contient des protéines... de vache bien sûr ! Or 5 % des bébés y sont allergiques.
Des travaux de laboratoire, réalisés sur des vaches transgéniques, permettent de leur faire produire des protéines plus proches de celles du lait de mère (lactoferrine humaine, par exemple) qui auraient l'avantage d'être moins allergisantes et d'avoir des effets protecteurs. Cependant, ce qui est actuellement réalisable à l'échelon du laboratoire ne l'est pas à l'échelon industriel. Il faudra attendre encore longtemps avant d'espérer une commercialisation de ces produits qui seraient idéaux pour nourrir de nombreux bébés.
Introduire des oligosaccharides
Ces sucres du lait maternel sont au nombre de cent trente.
Il n'y en a pratiquement pas dans le lait de vache, donc ceux contenus dans les laits artificiels ne sont que des succédanés. Pourtant, ces oligosaccharides jouent un rôle dans la flore intestinale du nourrisson. Le bon équilibre de cette dernière limite le risque d'infections digestives.
Rendre le fer plus disponible
Les laits de suite (de 4 mois à 1 an) et ceux de croissance (de 1 à 3 ans) sont supplémentés en fer (I g/ 100 ml), afin de limiter le risque de carence, fréquent, en cet oligo-élément. Toutefois, l'ajout de fer dans ces laits n'est pas optimum. Il faudrait trouver un meilleur niveau de supplémentation et la manière la plus favorable de le rendre disponible pour l'organisme.
Malgré les progrès incessants en matière d'alimentation pour les nourrissons, on s'aperçoit que copier le lait de mère reste extrêmement difficile, pour ne pas dire impossible.
À lire aussi :