Aujourd'hui, il existe des méthodes médicales éprouvées et sûres. Mais il faut savoir y recourir au bon moment. Toutes nos explications dans ce guide !
Leur décision est prise : ils sont prêts à fonder une famille ! Le couple imagine déjà le berceau, les câlins, les nuits blanches... Malheureusement, quelques mois plus tard, il n'y a toujours pas de bébé à l'horizon. Souvent, il suffit de patienter encore un peu pour que le rêve se réalise.
Mais il est parfois nécessaire d'aider la nature par différents moyens médicaux, dont les plus sophistiqués sont les techniques d'Assistance médicale à la procréation (AMP). « Il y a toujours quelque chose à tenter, à condition de rester raisonnable » rassure le Dr Paul Sarret.
En théorie, on considère qu'un couple - dont la femme a moins de 35 ans - est infertile après deux ans de rapports sexuels réguliers, sans contraception. Si la femme a plus de 35 ans, le délai est ramené à un an, parce que la fécondité naturelle baisse rapidement à l'approche de la quarantaine.
Un bilan complet doit être réalisé systématiquement avant de mettre en œuvre le traitement correspondant au type de stérilité diagnostiqué.
Le temps est un facteur déterminant pour avoir un bébé
Les médecins ont du mal à modérer l'impatience des couples qui rêvent déjà de layette. « Les gens sont très pressés. A l'heure actuelle, ils ne comprennent plus qu'une grossesse ne survienne pas au bout de quelques semaines de rapports sexuels sans contraception », constate le Pr Arnoult, président du Collège national des gynécologues-obstétriciens de France.
L'angoisse d'être stérile est si forte que de nombreux patients souhaitent commencer un traitement le plus rapidement possible. Dans un rapport publié au mois d'août 2012, il est écrit que les traitements de l'infertilité sont prescrits à des femmes de plus en plus jeunes, "souvent sans réelle infertilité".
En 2011, 9 % des femmes ayant reçu un traitement avaient moins de 25 ans et 40 % moins de 30 ans, contre respectivement 2 % et 20 % en 2009 et 2010.
Les médecins subissent-ils la pression de leurs patientes ? Le Dr Sarret reconnaît que la demande est forte : « Quand une femme me dit qu'elle a arrêté la pilule depuis six mois et qu'elle n'est toujours pas enceinte, il est difficile de lui dire d'attendre encore dix-huit mois. Alors, je lance les examens a minima et j'agis ensuite en fonction des résultats. »
L'âge de la patiente fait partie des paramètres importants. « Il vaut mieux être jeune pour faire des enfants, rappelle le Pr Henry, chef du service Médecine de la reproduction à l'hôpital Tenon (Paris). Or la procréation médicalement assistée ne peut pas compenser l'âge de la mère. Après 37-38 ans, la technique devient très aléatoire. Pourtant, nous voyons arriver des femmes de 40-42 ans qui ont trop attendu pour consulter, ou bien qui ont été prises en charge de manière approximative. Souvent, elles arrivent trop tard dans nos services. »
Entre se précipiter dans un traitement lourd et attendre, quelle est la bonne attitude ? Il est très difficile de répondre à cette question que tous les couples infertiles se posent. Une chose est sûre, il faut d'abord essayer de cerner le problème.
Infertilité : Les causes sont multiples
L'infertilité peut être attribuée aussi bien à l'homme qu'à la femme ou au couple. Mais, dans presque 10 % des cas, on ne trouve aucune cause précise.
Parfois, le blocage se situe essentiellement "dans la tête". Il faut alors chercher du côté des traumatismes de l'enfance, de la relation avec les parents, des problèmes de couple... « Dans certains cas, une psychothérapie peut être vraiment efficace », assure Justine Franc, psychanalyste.
Sur le plan médical, nombreuses sont les anomalies ou les incidents de parcours qui peuvent empêcher un spermatozoïde de féconder un ovule.
Du côté de la femme
- Les troubles de l'ovulation : absence d'ovulation, ovulation tardive... La libération de la cellule reproductrice de la femme (ovule) ne se fait pas normalement. La cause peut être un problème au niveau des ovaires ou de l'hypophyse, un taux d'œstrogène trop bas...
- Les anomalies de la glaire cervicale (du col de l'utérus). Lorsque ce liquide visqueux ne joue plus son rôle, les spermatozoïdes ne parviennent pas à migrer vers l'utérus et les trompes de Fallope.
- L'endométriose. Le développement anormal de la muqueuse utérine sur les ovaires ou les trompes gêne leur fonctionnement.
- Les malformations de l'utérus peuvent empêcher l'implantation de l'œuf au niveau de la muqueuse utérine.
Du côté de l'homme
C'est la mauvaise qualité du sperme qui est le plus souvent en cause. Il arrive que le volume de sperme éjaculé soit insuffisant, ou que les spermatozoïdes ne soient pas assez nombreux ou pas assez mobiles...
Certaines infections (par exemple, les oreillons après la puberté) peuvent, elles aussi, expliquer les difficultés à concevoir un enfant.
La chirurgie est parfois une solution
Une simple intervention chirurgicale permet parfois de résoudre le problème.
Deux exemples, parmi les plus courants.
- Chez la femme : une opération sous cœlioscopie a pour but de "nettoyer" des trompes obstruées par les séquelles d'une endométriose ou d'une salpingite.
- Chez l'homme : il est parfois possible d'intervenir sur une veine dilatée (varicocèle) autour du testicule. Cette affection gêne la formation des spermatozoïdes.
Stérilité : des techniques adaptées à chaque cas
Les inducteurs de l'ovulation
Pour qui ? Les femmes présentant des troubles de l'ovulation (le plus souvent dus à un dérèglement hormonal).
Les chiffres : ils représentent 44 % de l'ensemble des traitements contre la stérilité.
En pratique : on commence par des comprimés de citrate de clomifène, à prendre cinq jours par cycle, prescrits par un généraliste ou un gynécologue. Après six mois à un an sans résultat, on passe aux injections quotidiennes de gonadotrophines en sous-cutané.
Ces traitements ne sont pas faciles à doser et à contrôler, c'est pourquoi il faut surveiller, par une échographie et un dosage hormonal, la réponse des ovaires.
En principe, le traitement est modulé de façon à éviter une stimulation trop forte.
Les risques : si on injecte une dose trop élevée d'hormones, les ovaires vont produire trop d'ovocytes (ovules à un stade précoce de leur maturation). D'où le risque de grossesse multiple et donc d'accouchement prématuré.
Exceptionnellement se produit un syndrome d'hyperstimulation, avec un "emballement" non contrôlé de l'ovulation. Ce phénomène est rare, mais il peut nécessiter, dans certains cas, une hospitalisation.
L'insémination artificielle
Pour qui ? Cette technique est indiquée principalement lorsque l'homme a un sperme de mauvaise qualité ou lorsque la femme a une glaire cervicale défectueuse.
Les chiffres : elle représente 10 % des traitements contre l'infertilité.
En pratique : l'insémination, une intervention très simple qui ne nécessite aucune anesthésie, est pratiquée au cabinet du gynécologue ou à l'hôpital. Au préalable, une stimulation de l'ovulation (par voie injectable) a permis de rendre la femme plus fertile.
Le sperme du conjoint est recueilli et les spermatozoïdes sont sélectionnés pour ne garder que les plus mobiles. Ces derniers sont alors directement déposés dans l'utérus de la femme, avant l'ovulation.
Les résultats : à la première tentative, le taux de réussite est seulement de 10 à 20 %. Il diminue ensuite progressivement. Sur le plan médical, les seuls risques de l'insémination artificielle sont dus à la stimulation ovarienne.
La fécondation in vitro (FIV)
Pour qui ? La FIV concerne essentiellement les femmes qui ont un problème au niveau des trompes, les hommes dont le sperme est anormal et les stérilités inexpliquées après échec des autres techniques.
Les chiffres : elle représente 34 % des traitements de l'infertilité.
En pratique : l'ensemble du protocole dure entre quinze jours et un mois, selon les cas. Le traitement est assez contraignant. Les rendez-vous à l'hôpital se succèdent, parfois à des heures indues.
La technique consiste à stimuler les ovaires de la femme par des injections d'hormones, avant de ponctionner un maximum d'ovocytes. L'aspiration par les voies naturelles se fait à l'hôpital, sous anesthésie générale ou locale (voire simple prémédication).
Le sperme de l'homme est recueilli, puis les spermatozoïdes sont mis en contact avec les ovocytes, au laboratoire, en milieu artificiel.
Cette procédure aboutit à la formation de plusieurs embryons. Un ou deux, parfois trois au maximum, seront transférés dans l'utérus de la femme. Les autres seront congelés dans l'attente d'une autre tentative.
Le choix du nombre d'embryons transférés dépend beaucoup de l'âge de la mère. Au-delà de 35 ans, on peut aller jusqu'à implanter trois embryons pour lui donner un maximum de chances.
Cette décision, prise en concertation avec le couple, est toujours difficile.
Les risques : plus on transfère d'embryons, plus on augmente les risques de grossesse multiple, avec toutes les complications que cela implique.
Les injections massives d'hormones ne sont pas toujours bien supportées par les femmes, qui se plaignent souvent de prise de poids, d'irritabilité, de douleur' au ventre, etc.
Les résultats : quatorze jours après le transfert, une prise de sang permet de confirmer ou non la grossesse. Le taux d'accouchements obtenu grâce à la FIV est d'environ 17 %.
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La fécondation par micro-injection
Pour qui ? la fécondation assistée par micro-injection cytoplasmique (ICSI, en anglais) s'adresse principalement aux hommes qui n'ont pas assez de spermatozoïdes.
Les chiffres : elle représente 7 % des traitements de l'infertilité.
En pratique : pour le couple, la procédure est la même que pour une FIV. Mais le travail effectué au laboratoire est plus précis. Le biologiste sélectionne un seul spermatozoïde, le plus performant, qu'il injecte ensuite dans un ovocyte mature.
Les résultats : le taux d'accouchements obtenu est d'environ 20 %.
A savoir : avant une ICSI, on pratique souvent chez le futur père un examen génétique, appelé caryotype. Le but de ce dernier est de déceler d'éventuelles anomalies chromosomiques, dont on sait qu'elles sont dix fois plus fréquentes chez les hommes stériles.
Une consultation de conseil génétique permettra d'évaluer le risque de transmettre au futur embryon une anomalie chromosomique.
Les examens clés à réaliser
Chez la femme :
- Une courbe de température sur plusieurs mois, pour déceler d'éventuels troubles de l'ovulation.
- Une échographie pelvienne.
- Un dosage hormonal.
- Un test post-coïtal, pour vérifier que les spermatozoïdes pénètrent correctement dans la glaire cervicale.
- Une radiographie des trompes et de l'utérus.
Chez l'homme :
- Le spermogramme permet de vérifier la qualité, la quantité et la mobilité des spermatozoïdes.
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