Les vacances, c'est souvent le temps des séparations. Quand on dépose ses enfants chez leurs grands-parents, lorsqu'ils sont invités chez un copain ou qu'ils partent en colonie, comment se quitter avec sérénité ?
Une expérience enrichissante pour votre enfant
Mathilde n'en revient toujours pas. Après avoir laissé tous les étés sa fille au centre de loisirs, elle a pris son courage à deux mains. « Cette année, j'ai inscrit Léa en colonie de vacances et accepté qu’elle rejoigne ensuite ses cousins à la campagne, confie-elle. Cela me permettra de souffler. Mais j'ai peur qu'elle soit triste loin de moi ou qu'elle ait un accident. »
Comme Mathilde, nombre de mères et de pères sont angoissés à l'idée de se séparer quelque temps de leur progéniture. A fortiori lorsqu'il s'agit de sauter le pas pour la première fois.
Cette expérience est pourtant enrichissante et salutaire. « Il est essentiel que les enfants fassent leurs preuves hors du regard parental. Les familles dont les membres s'agrippent trop les uns aux autres finissent par étouffer. » soutient le pédopsychiatre Patrick Janot, professeur à l'université Paris IV.
Partir sans ses parents est en effet une formidable occasion d'apprendre a vivre en société et à se forger une vraie confiance en soi.
Néanmoins, ressentir une pointe d'appréhension avant le jour J est tout à fait normal. Cette séparation est une première qui en préfigure d'autres plus importantes, notamment celle où l'enfant devenu grand quittera la maison pour de bon.
Mieux vaut donc bien préparer ce départ et, surtout, ne pas lui dévoiler votre inquiétude. Car, telle une éponge, il risque d'absorber votre stress et de vivre son séjour comme un drame, au lieu d'en profiter pour déployer ses ailes.
Il part en vacances chez ses grands-parents
Partir quelques jours chez papy-mamie est la meilleure solution pour un « bout de chou » dans la mesure où il évoluera en terrain connu auprès de personnes qu'il identifie comme des proches. Ce séjour lui permettra également de mieux appréhender les liens entre les générations et de s'inscrire ainsi dans une lignée familiale.
La bonne attitude à adopter :
Expliquez-lui à l'avance où il va et ce qu'il y fera. L'idéal est de l'accompagner sur place et d'y rester au moins le temps d'un repas pour qu'il prenne peu à peu ses marques. Ne partez pas en catimini, notamment pendant son sommeil. S 'il pleure, prenez sur vous. Dites-lui qu'il sera heureux ici et dans combien de jours (ou plutôt de nuits) vous viendrez le retrouver. Si besoin, donnez-lui un calendrier afin qu'il se repère dans le temps.
Il part chez son père
Vous n'avez pas le choix. Le juge a ordonné que votre bambin passe la moitié de l'été avec votre ex-mari. Il n'a jamais été spécialement attentif ni disponible pour lui. Cerise sur le gâteau : il vit avec une nouvelle compagne qui, bien sûr, vous insupporte.
La bonne attitude à adopter :
Ne lui présentez pas ce séjour comme une punition, mais plutôt comme une opportunité pour passer du temps avec son père et enrichir leur relation. Ravalez vos rancœurs et vos récriminations, même si ce départ ravive la douleur d'un divorce dont vous n'avez pas encore fait le deuil.
Dénigrer leur belle-mère ne l'aidera pas non plus à passer du bon temps avec elle.
Pire : il se sentira sans cesse en porte-à-faux et aura le sentiment de vous trahir. C'est à vous, et non à lui, de faire la part des choses.
Il part quelques jours chez son copain
Son meilleur copain l'invite en vacances ? A partir de 8 ans, cela ne pose aucun problème. Au contraire, leur amitié sera renforcée. Mais parviendra-t-il à s'adapter à un autre cercle familial ? Et peut-on faire confiance à des parents qui ne sont pas les siens ? Si vous les connaissez, pas de souci.
Confronté à d'autres modèles, votre enfant gagnera en ouverture d'esprit.
La bonne attitude à adopter :
Pour être sûr que leur entente soit parfaite, invitez le copain au préalable un week-end chez vous. Glissez dans la valise de votre enfant une feuille avec votre adresse et tous les numéros de téléphone auxquels il pourra vous joindre. Cela le rassurera. Et vous aussi !
Appelez-le régulièrement, mais pas le soir, car ce moment est plus propice au blues. Les angoisses existentielles (risques d'accident, pédophilie...) doivent être abordées tout au long de l'année, et non la veille des vacances.
Il part en colonie de vacances
Les moniteurs sont-ils compétents ? Mon fils s'intégrera-t-il au groupe ? Ne va-t-il pas multiplier les bêtises ? Ces questions obsèdent tous les parents dont les enfants partent en colonie.
Elles reflètent votre ambivalence entre le désir qu'il se frotte à l'école de la vie et celui de le garder près de vous, comme s'il était encore un nourrisson.
La bonne attitude à adopter :
Associez votre enfant aux préparatifs : choix des activités, réunion d'informations où il pourra poser toutes les questions qui le taraudent, confection de la valise...
Sa peur —et la vôtre — baissera déjà d'un cran. Le jour du départ, n'éternisez pas les au revoir. Dites- lui "amuse-toi bien", plutôt que "tu vas me manquer", car il pourrait culpabiliser de vous laisser seule. Si vous affichez un regard confiant, il se sentira autorisé à être heureux sans vous. Ne vous fiez pas aux émotions qui l'envahissent sur le quai de la gare. Elles s'apaisent généralement dès que vous tournez les talons.
La séparation aide l'enfant à gagner en autonomie
Les conseils du Dr Nicole Faivre, psychanalyste et psychothérapeute d'enfants.
Laisser son enfant partir seul en vacances est une étape souvent douloureuse. est-ce indispensable ?
Cet éloignement n'est pas obligatoire, mais il est souhaitable, voire parfois vital pour que l'enfant respire d'autres horizons. La vie est jalonnée de séparations successives qui permettent de grandir.
Cela commence à la naissance. Puis, vient le temps de l'inscription à la crèche, de l'entrée à l'école... Tous ces événements, synonymes de prise de distance, aident les petits à gagner progressivement en autonomie.
À quel âge peut-on envisager sereinement une première grande séparation ?
Avant 3 ans, quelques jours loin de la maison dans un environnement familier (grands-parents, tante, amis proches...) sont amplement suffisants.
Pour certains, c'est même déjà très long.
A partir de 5/6 ans, un séjour d'une semaine en colonie de vacances est envisageable si l'enfant a déjà vécu d'autres petites séparations préalables. Mais, naturellement, tout dépend de la maturité de chacun.
Quelle est la plus grande crainte des enfants ?
Beaucoup redoutent l'heure du coucher où ils seront privés des bisous de papa et maman. D'autres pensent qu'en leur absence, il peut arriver malheur à leur maison, qui symbolise la vie de famille et sa sécurité.
Ceux qui ont l'impression d'être le seul ciment du couple redoutent que leurs parents se séparent à cette occasion. Ou à l'inverse, lorsque leur entente est parfaite, qu'ils oublient l'existence de leur enfant. Il faut donc les rassurer avant le départ à ce sujet.
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