500 000 enfants et adolescents de plus de cinq ans font encore pipi au lit en France. En parler sans tabou, c'est déjà un pas vers la guérison…
L'énurésie nocturne, un problème à ne pas négliger
Ce matin encore, comme la semaine dernière, votre enfant se lève tout penaud : il a fait pipi au lit durant la nuit. Son pyjama est mouillé, et vous devez, encore une fois, changer ses draps. Une situation qui dure depuis des mois. Si vous faites partie des 59 % de parents qui pensent que « l'énurésie nocturne » passera toute seule, révisez votre jugement. Elle représente en effet une gêne envahissante pour votre enfant. Et il a besoin que son problème soit pris en charge le plus tôt possible, car la honte qu'en général il en éprouve risque d'avoir une répercussion, à long terme, sur l'estime qu’il se porte à lui-même.
Les conséquences psychologiques de l'énurésie
Les deux tiers des petits concernés avouent craindre les moqueries de leur entourage. La plupart n'osent pas parler de leur énurésie, même à leur meilleur(e) ami(e). L'enfant la perçoit comme un signe d'immaturité par rapport aux autres enfants de son âge, car ce sont les bébés qui font pipi au lit.
Et ce sentiment d’humiliation entrave bien souvent la vie sociale. Près de la moitié des enfants énurétiques refusent d'aller dormir chez leurs amis ou de partir en voyage scolaire, de crainte que leur trouble ne soit découvert. Ces refus qu'ils ne peuvent expliquer les amènent à se refermer sur eux-mêmes, à se sentir plus vulnérables, même si en façade tout a l'air d'aller bien. Cela les exclut également de souvenirs communs entre copains.
Le rôle des parents dans l'accompagnement de l'enfant
Résultat : le jeune garçon ou la jeune fille vit avec le sentiment d'être mis à l'écart, et en échec. Ils redoutent jusqu'au regard de leurs parents, même si ceux-ci se montrent très compréhensifs. A contrario, certains parents, exaspérés — désemparés, en arrivent à punir leur enfant.
Attention : Ces comportements peuvent accentuer le sentiment de culpabilité de l'enfant et le blesser ! Car il s'agit pour les parents d'être d'autant plus attentifs que leur fils ou leur fille manifeste certains symptômes. Lorsqu'il joue moins, qu'il est moins souvent invité chez ses camarades de classe, qu’il vous parle moins ou, au contraire, se réfugie tout le temps dans vos bras... tendez l'oreille.
L'énurésie et ses effets sur la scolarité
Cette impression d'avoir raté quelque chose peut rendre ces enfants plus anxieux, plus inhibés, plus instables que les autres. On ne s'étonnera pas que le travail scolaire pâtisse aussi de ce mal-être. Effectivement, le jeune énurétique présente un risque accru de troubles de l'attention en raison de son émotivité. Il ose également moins en classe.
L'importance d'une prise en charge médicale
Bien que seuls 39 % des parents considèrent qu'une prise en charge médicale est nécessaire, à partir de cinq à six ans, il est préférable de prendre l'avis d'un médecin.
Il est important que l'enfant entende le médecin lui dire que sa vessie est trop petite, comme d’autres enfants portent des lunettes ou encore souffrent d'asthme. Ce discours permet à l'enfant de s'impliquer dans son traitement, qui le conduira, à plus ou moins long terme, vers la guérison.
L'impact positif du traitement réussi de l'énurésie
Et le psychiatre de rassurer : « Ce qui est intéressant, c'est qu'après un traitement réussi de l'énurésie, l'estime de soi s'améliore nettement. » De quoi repartir du bon pied dans la vie, à la maison comme à l'école.
Ce qui peut l'aider pour arrêter de faire pipi au lit
Les dernières recommandations de la Haute autorité de santé.
- Apprenez-lui à "boire intelligent" en absorbant un tiers de ses besoins en boisson au petit déjeuner, en choisissant des eaux peu minéralisées, en diminuant ses apports hydriques après 18 h et en supprimant les boissons sucrées et gazeuses.
- Évitez-lui certains aliments. Les mets très salés (plats industriels, soupes déshydratées, charcuteries...) sont à bannir au dîner, et la consommation de laitages le soir doit être diminuée.
- Faites-lui tenir un "calendrier mictionnel", soit noter pendant au moins 2 semaines nuits sèches et nuits mouillées. Si ces mesures ne suffisent pas, il faut envisager un traitement.
- Aidez-le avec des médicaments : la desmopressine, en comprimés ou en lyophilisat, permet de réduire de moitié le nombre de nuits mouillées en six mois.
- Proposez-lui une alarme : Ces capteurs d'humidité sont efficaces (en 3 mois) dans 60 à 80 % des cas. Attention, cet appareillage complique la vie de l'enfant et lui rappelle chaque soir son incapacité à être propre. Il nécessite donc un fort soutien des parents !
Les couches, quant à elles, ne font pas partie des recommandations officielles. De plus, elles n'ont aucun aspect éducatif et déresponsabilisent l'enfant.
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