Le Dr Jack Gilbert veut que nos hôpitaux deviennent sales.
Son idée va à l’encontre de centaines d’années de pratique scientifique. Depuis qu’un chirurgien appelé Joseph Lister devint le premier à utiliser des techniques aseptisées en 1867 et sauva des milliers de vies, la médecine moderne a travaillé sans relâche pour créer des environnements médicaux stériles – sans micro-organisme.
Tout changea lorsque le Dr Gilbert, directeur associé de l’Institut pour le Génome et Biologie Systèmes au Laboratoire National d’Argonne, commença à étudier les dauphins en 2014. Il remarqua que plus l’eau était “sale”, plus les animaux étaient en bonne santé.
“Nous avons vu les avantages qu'augmenter la diversité microbienne de l’habitat a,” a expliqué Gilbert.
D’après le Dr Gilbert, le manque d’un écosystème riche en microbes, plus particulièrement dans nos hôpitaux, pourrait causer plus de mal que de bien, conduisant à des souches résistantes aux médicaments et aux virus causés par des infections.
L’écrivain en science Ed Yong s’accorde avec le Dr Gilbert en le présentant dans son livre “Je contiens des multitudes”, qui tente de changer nos idées sur les bactéries. Yong fait remarqué que “il y a plus de bactéries dans votre ventre que d’étoiles dans notre galaxie,” et que parmi celles-ci moins de 100 espèces de bactéries sont compromettantes pour notre santé. Les autres, qui coexistent avec nous, ne sont pas seulement inoffensives – elles nous protègent et font de nous ce que nous sommes.
Chaque centimètre carré d’espace contient des milliards de microbes – même les paysages de glace d’Arctique ou de sable du Sahara les plus désolé. Avant les êtres humains, les microbes étaient les seules choses vivantes sur Terre.
Les microbes, des micro-organismes presque invisibles à l’oeil nu, ont passé plus de 90% de temps ici que nous l’avons, évoluant invisiblement pendant des millions d’années. Au lieu d’évoluer à leurs cotés, nous avons joint nos forces en ce quoi les scientifiques appellent le “co-développement”.
Les microbes n’ont pas seulement une influence sur la forme de nos organes, ils remplacent les cellules qui meurent et qui sont endommagées et aident notre corps à absorber et stocker les substances nutritives et la graisse. Les plantes, les animaux et les êtres humains ne survivraient pas sans ces auto-stoppeurs microbiens de toujours.
Certains animaux commencent à se développer avec les microbes depuis leur origine. Les êtres humains entrent en contact avec les leurs dans le canal génital. A partir de ce moment, les microbes aident à renforcer notre système immunitaire, aidant nos corps à apprendre à vivre avec les maladies virales qui pénètrent dans notre système sanguin.
Tel quel, le lait maternel est rempli d'une substance unique qui, pour certaines raisons, les bébés ne peuvent digérer sans l'aide du microbiome délicat qu'ils développent dans leur ventre.
Dans leur foyer, les animaux domestiques modifient encore davantage le microbiome, ce qui comporte des avantages et des inconvénients – bien que des études ont montré que les chiens, qui sont accompagnés de leur propre lot de microbes de suppression des allergies, sont les plus bénéfiques à la santé microbienne d'un foyer, en aidant à renforcer le système immunitaire des enfants de ce foyer.
Dans certains cas, les microbes peuvent être mortels et sauver simultanément. La maladie infectieuse Clostridium difficile, causée par le déséquilibre d'une bactérie saine agressant la paroi du petit et gros intestins, peut causer la mort. Cette maladie, à moins d'être traitée tôt, va dévorer la paroi du système digestif.
Récemment, un remède au taux de succès de 94% lors de sa phase de test a été découvert dans un endroit très peu probable : les toilettes. Le traitement ? Un transplant fécal où les selles d'un donneur sain sont placées à l'intérieur du système gastro-intestinal de personnes souffrant de Clostridium difficile afin de ré établir un équilibre de bactéries saines dans le ventre. Ce traitement est maintenant disponible sous forme de comprimé.
Une tendance moins acceptable par la communauté scientifique est la consommation de yaourts riches en ferments vivants et de probiotiques comme moyen d'équilibrer nos propres microbiomes. Des études démontrent que consommer uniquement des bactéries saines n'est pas la réponse. Le but n'est pas seulement d'ajouter des microbes, ce doit être un moyen de les élever et de les maintenir.
En 2008, un groupe de villageois croyant avoir passé 11000 ans isolé, a été repéré dans une partie reculée de la forêt Amazonienne. En 2015, les scientifiques ont découvert que des milliers d'années d'isolement les ont laissé avec les microbiomes les plus variés jamais vu. Les scientifiques ont conclu que leur diversité microbienne était une preuve supplémentaire que les batailles menées contre les germes dans le monde industrialisé ont fonctionné un peu trop bien. Ceux d'entres nous vivants dans des villes et villages avons détruit bien trop de la vie microscopique saine qui appartenait à notre corps, cela a rendu nos propres microbiomes relativement carencé.
Nous ne disons pas que les pionniers de la recherche microbienne comme Joseph Lister avaient tord d'employer des pratiques hygiéniques. D'incalculables vies ont été sauvées grâce aux antiseptiques et aux traitements antibiotiques.
Cependant, l'usage excessif d'antibiotiques et nettoyants antiseptiques affecte notre capacité à maintenir un bon équilibre entre les microbes sains dans nos corps. Des études continuent à prouver que des espèces sans danger exploiteront des zones contenant trop peu de bonnes bactéries pour lutter. La stérilité ne devrait pas être notre but.
Comme Yong l'écrit, “Un écosystème varié est mieux qu'un écosystème appauvri.”
Article original: We need to stop sanitizing everything and let bacteria back in our lives - Traduit par jennifer, membre de l'équipe oummi-materne.com