Ce que j'aimerais que vous gardiez de nous...
J'aimerais me dire que vous ne garderez que le meilleur et les belles années uniquement. Que vous repenserez à votre enfance en souriant et en vous disant que c'était chouette quand même. Les moments tous ensemble et les vacances au bord de l'eau, les sorties pour rien, pour une crêpe ou une glace. Les couchers tardifs parce qu'on aura regardé le film tous ensemble sous la même couette, et les levers dans le grand lit parce que c'est si bon de se retrouver ensemble dès le matin.
J'aimerais que vous gardiez de lui sa barbe dru et ses baisers qui piquent, sa grosse voix qui encourage et ses épaules qui portent quand les jambes fatiguent. Ses yeux pleins de fierté et d'amour et ses mains qui ouvrent les boîtes trop dures à dévisser. Les jouets qu'il aura construit avec vous et des parties de rire à se dire que l'important est juste là.
Que vous gardiez en tête qu'il s'est apaisé du mieux qu'il a pu pour vous élever sans élever la voix trop souvent. Qu'il aura fait du chemin pour s'éloigner du modèle qu'on lui a donné, et que ses colères passeront toujours sans que la rancœur reste. Qu'il aura toujours fait passer votre bien-être avant le sien et que les remarques qui l'ont blessé quelques fois n'auront fait que renforcer l'amour qu'il vous porte.
J'aimerais que vous gardiez de moi tout l'amour que je peux contenir. La douceur de mes bras quand rien d'autre ne vous consolait, et mes yeux posés sur vous lors de notre première rencontre après ces 9 mois de vie commune. Que vos corps se souviennent que mon lait vous a fait grandir et que j'ai fait de mon mieux pour tenir la distance malgré les critiques et les difficultés. Des nuits trop courtes et des journées à vous porter contre mon cœur pour vous apaiser.
Que vous gardiez en tête que j'ai essayé de prendre confiance en moi pour vous élever, moi si peu confiante et si fragile, j'ai fait bloc pour vous donner une maman solide malgré ses failles. Que j'essaye de garder ma patience du mieux que je peux, même si je pleure vite quand la fatigue me dépasse et me submerge et qu'il m'arrive trop souvent de crier à mon goût.
J'aimerais me dire qu'on a fait de notre mieux surtout et qu'on a la famille qu'on a toujours désiré, que malgré nos erreurs et nos ratés, on sera resté soudés pour vous donner des racines solides et des valeurs qui vous porteront toujours vers l'avant.
J'aimerais surtout que tout l'amour qu'on vous aura donné se redonnera entre vous, frères et sœurs, que vous gardiez le lien même si les caractères sont différents, que vous trouviez dans votre passé l'envie de dépasser les disputes pour rester soudés et proches les uns des autres.
Tout cela est si incertain je le sais, personne ne décide de ce que vous garderez de nous et de votre enfance, le bon et le moins bon, et tout ce qui va crée les hommes et femmes que vous deviendrez.
Évidemment que je le sais et qu'il le sait, mais on ose être utopistes et se dire que tout ce qu'on vous donne aujourd'hui restera gravé quelque part en vous pour demain et qu'un jour, on se retournera tous sur nos vies ensemble, en se disant que "oui, c'étaient de chouettes moments".