Ce trouble de la communication concerne 5 % des enfants. Il est à prendre au sérieux et à traiter rapidement.
Le bégaiement se caractérise par un heurt, une hésitation sur la prononciation de certaines syllabes.
Parfois, l'enfant répète des sons ou des il bloque sur un mot. Depuis des années, ce trouble de la communication est mieux pris en compte. La prévention fonctionne bien.
Le bégaiement se rencontre beaucoup chez les deux-quatre ans. Cette période correspond à l'acquisition du langage. Il arrive aussi qu'il se déclare vers cinq- six ans, au moment de l'entrée au cours préparatoire. Dans 95 % des cas, il débute avant sept ans. Plus rarement à la préadolescence, vers dix-onze ans.
Chez les petits de deux à quatre ans, filles et garçons sont touchés pareillement. Tous âges confondus, seule une fille est atteinte pour trois à quatre garçons : une répartition encore inexpliquée.
Pourquoi bute-t-il sur les mots ?
Les causes du bégaiement sont inconnues. Toutefois, certains facteurs favorisent cette irrégularité de parole. On constate que 40 à 60 % des enfants qui bégaient présentent des retards de parole et de langage. Des apprentissages trop précoces (de la propreté, de la lecture...) peuvent générer, chez certains petits, une situation de stress, et favoriser le bégaiement. La personnalité de l'enfant est à prendre en compte. Les jeunes porteurs de ce trouble sont souvent anxieux, perfectionnistes ou phobiques.
Les parents s'inquiètent à bon escient
Les pères et les mères connaissent bien leur enfant. Ils repèrent facilement quand ce dernier fait un effort pour parler. Parfois, les difficultés d'élocution s'accompagnent de tensions au niveau de la bouche, ou l'enfant détourne son regard tout en essayant de s'exprimer. Il ne faut pas hésiter à consulter.
Ce qu'il ne faut pas faire
Devant les accidents de parole de leur enfant, les parents hésitent sur le comportement à adopter. Il y a trois attitudes à éviter.
- Les conseils : inutile de demander à l'enfant de se calmer, de prendre son temps. Cela focalise ses difficultés.
- La fausse indifférence : en faisant comme si tout allait bien, en niant le problème, le parent n'aide pas l'enfant. Ce dernier risque alors de ne pas oser en parler, de le vivre comme un tabou.
- Les reproches : « Fais un effort, parle correctement » … Autant de phrases... inutiles qui risquent de rendre le bégaiement chronique.
La bonne attitude
- On conseille aux parents "l'aide active". C’est-à-dire essayer de trouver ce que l'enfant a en tête à ce moment-là, et le verbaliser pour lui : "Est-ce que c'est ça que tu veux me dire ?" Les parents sont les relais de l'enfant. Ce qui permet à ce dernier de relâcher sa tension, et de répondre de manière plus synthétique par oui ou non.
- Il est important de ne pas se focaliser sur la façon dont s'exprime le petit bègue, mais plutôt d'être à l'écoute de ce qu'il a à dire. C'est ça qui est important. Le bégaiement étant un trouble de la communication et non de la parole. L'enfant, seul dans sa chambre, parlant à son nounours, à sa poupée ou s'inventant une histoire, ne bégaie pas. Il ne le fait pas non plus lorsqu'il s'adresse à sa petite sœur ou à son petit frère. Le bégaiement ne survient que dans la relation à l'autre. Et avec un interlocuteur que l'enfant ressent comme un juge.
Faut-il traiter ?
L'enfant qui est tendu lorsqu'il parle avec l'autre, mérite qu'une orthophoniste s'occupe de lui. Car le bégaiement se développe avec le temps. Il peut s'aggraver. Même si 75 % des enfants qui bégaient voient leur trouble cesser à l'adolescence, sans qu'il y ait eu une prise en charge.
Dans un premier temps, l'orthophoniste propose surtout un accompagnement familial, un guidage. Il est alors capable de desceller des dysfonctionnements familiaux et repérer les choses à améliorer.
Ce professionnel donne des conseils aux parents sur l'attitude à avoir lors des accidents de parole, mais aussi à la fratrie, aux enseignants. La rééducation n'est nécessaire que si le bégaiement s'accompagne de troubles phonologiques.
La prise en charge individuelle par une orthophoniste s'envisage vers l'âge de cinq-six ans. Les exercices, sous forme ludique, sont axés sur la détente, le souffle, le "parler tout doux".
Leur but ? Permettre à l'enfant de mieux connaître son trouble, ce qui se passe lorsqu'il bégaie. Sans oublier le côté psychologique. L'orthophoniste amène l'enfant à parler de lui, du ressenti de son bégaiement par rapport à ses pairs, à ses enseignants. La prise en charge se fait, en général, sur une courte durée : trois mois. Un point est effectué avant d'arrêter le traitement ou de le prolonger si nécessaire.
La récidive est possible puisque 80 % du bégaiement provient de la peur de bégayer. Quelques séances d'orthophonie sont alors utiles. Elles permettent à l'enfant de retrouver les modalités pour vaincre son trouble.
Ne rien faire : c'est risqué
Plus on laisse l'enfant bégayer sans rien faire, plus la rééducation est longue, et la possibilité de s'en sortir, aléatoire.
A savoir : sans aucune prise en charge, 25 % des petits bègues le restent à l'âge adulte.
Le bégaiement peut gâcher une vie. Il risque de rendre la scolarité délicate, notamment dans les matières littéraires. L'oral sera vécu comme un cauchemar. Des problèmes comportementaux peuvent apparaître. N'arrivant pas à formuler ses mots, l'enfant s'exprime autrement : par la violence, le repli sur soi...
Où se renseigner
Des associations sont mises en place dans les différentes grandes villes de France. A paris, il y a Parole-Bégaiement à l’hôpital de la Salpêtrière
À noter : la prochaine journée mondiale du bégaiement aura lieu le 22 octobre prochain.
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