De la difficulté de la parentalité positive…
Une histoire en lien avec notre enfant intérieur…
Dans la parentalité positive, nous sommes attentifs à encourager nos petits d’Hommes dans leurs difficultés, à ne pas utiliser de négation, à valoriser leurs erreurs, à développer leur confiance en eux... Nous veillons à ce qu’ils reconnaissent et accueillent leurs émotions. Nous sommes sensibles à leur sommeil, à leur nourriture… Le tout en les accompagnant à développer leur autonomie et surtout en les aimant, quoiqu’il arrive, de manière inconditionnelle. Quel programme ! Que d’énergie cela nous demande alors que nos quotidiens sont déjà remplis de multiples injonctions.
Pourquoi la parentalité positive semble-t-elle parfois si difficile à mettre en place ?
Et si la réponse à cette question était-elle liée à l’enfant que nous avons été ? Du miroir qu’il renvoie à l’adulte que nous sommes devenus ? Ce choix de parentalité, prônant une relation horizontale basée sur le respect et non sur la peur, nous renverrait elle à la nature de la relation que nous avons entretenue avec nos parents ?
Quel parent aurions-nous aimé être avec l’enfant que nous étions ? Avons-nous connu la relation que nous souhaitons créer avec nos enfants ? Même sans avoir été battu du matin au soir, je doute que la réponse soit un grand oui… Il n’est pas question de blâmer qui que ce soit. Juste de regarder en face l’enfant que nous avons été et de le reconnaître enfin dans ses blessures d’égo, dans ses blessures d’âme… que ces dernières soient minimes ou majeures.
Intellectuellement, nous comprenons l’objectif et l’intérêt de l’éducation bienveillante. Même ceux qui font semblant de ne pas y croire, j’en reste persuadée. Car en réalité, le parent qui frappe ne cherche-t-il pas à « imposer le respect » à son enfant ? Ne pense-t-il pas bien faire ? Ne le fait-on pas depuis que le monde est monde ? Ces personnes tentent d’intégrer les notions de respect et de bienséance à coup de main ou de mots… Ce ne sont pas les bons outils, nous le savons. Mais il semble que toute remise en question soit polémique. Se poser des questions, admettre que non ni les violences ni même les VEO (violences éducatives ordinaires) ne sont admissibles, c’est revisiter notre enfance. C’est, peut-être, se rendre compte que nous avons subi des formes plus ou moins affirmée de maltraitance et que non ça ne va pas et que oui, ça fait mal encore aujourd’hui. Cela ravive nos blessures d’enfant celles dont les cicatrices ne se sont jamais vraiment refermées et que nous tentons de faire taire.
Pourquoi la parentalité positive semble-t-elle parfois si difficile à mettre en place ? Pour moi, elle est là, la vraie réponse : dans l’introspection.
Comment conserver notre calme et notre bienveillance face à un enfant qui hurle de colère alors que nos colères d’enfant n’ont pas été accueillies ? Comment ne pas réprimer des larmes lorsque les nôtres n’ont pas été entendues ?
Nous faisons de notre mieux pour accueillir tout cela mais notre enfant intérieur, lui, crie à l’injustice ! Il n’a pas été nourri comme nous aimerions nourrir nos propres enfants. Chaque acte de ces derniers nous renvoie à nos propres manques. Alors oui, elle est belle l’éducation bienveillante mais quand nos enfants par leur simple présence viennent réactiver des choses que nous souhaitons dépasser, comment faire ?
Nous avons été victimes de mots « cailloux » dans nos environnements familiaux, amicaux, scolaires… des « mais tu es nul ! rohh il/elle ne comprend rien ! », des « toujours ! encore ! Comme d’habitude… »… Malgré nos sentiments d’injustice d’alors, notre corps se les est malheureusement appropriés. Maintenant adulte, pour être pleinement dans la bienveillance, avec nos enfants, il nous faut l’être avec nous-même. Et pourtant… Sommes-nous capables de prendre soin de nous ? En tant qu’être humain à part entière sans être le conjoint, l’ami, le parent de quelqu’un ? Juste nous et nous-même.
Un travail sur soi, sur ses blessures majeures ou mineures, est vital. Le mental malgré ses grandes capacités ne permet pas -lorsqu’il est seul- de déprogrammer les choses. Il est là pour nous permettre de comprendre mais c’est notre corps et son flots d’émotions qui mettent nos acquis en mouvement. Il nous faut nous imprégner de ces idées, les pratiquer au quotidien, les incorporer au sens latin du terme : in corpore, dans le corps. Et ce n’est pas simple ! En effet, notre cerveau a besoin de construire des ponts entre nos neurones pour réaliser une action, se souvenir de quelque chose. Ces ponts entre nos neurones s’appellent des connections synaptiques. Elles se construisent et se déconstruisent tout au long de notre vie. Et surtout pour être effectives, elles doivent se répéter, se renforcer jusqu’à en devenir automatiques.
Pour mettre en place l’éducation bienveillante, nous avons donc deux efforts à faire :
- Construire des ponts pour comprendre les principes de l’éducation bienveillante et les mettre en place
- Déconstruire les anciens ponts, ceux de nos enfances respectives dont nous avons hérité et qui subsiste encore aujourd’hui.
Nous nous attelons à construire alors que la place n’est pas nette. Nous menons les deux en parallèle. C’est un double effort, intense, qui peut nous amène à crier et à nous dévaloriser ou de tout envoyer valser parce que « ça marche pas la bienveillance !»
Pour sortir de ce cercle vicieux, il va falloir retrouver et nourrir notre enfant intérieur. Celui qui n’aspirait qu’à être aimé pour ce qu’il était et non pour ce qu’il devait être. Celui qui était curieux de découvrir ce monde, qui aimait sentir le vent sur son corps, qui pouvait passer des heures à regarder des insectes, celui qui se régalait de toutes les nouveautés. Ce petit enfant qui, petit à petit, selon des outils d’éducation à réinterroger, a disparu pour devenir un adulte qui ne ferait pas trop de vague en ce monde de bienséance. C’est avec lui qu’il va falloir faire la paix pour être soi-même pleinement avec les petits êtres qui sont venus enrichir nos vies. Il va falloir réapprendre à s’aimer, à rire du fond du cœur, à profiter de l’instant...
Le jour où nous en serons capables, alors, éduquer nos enfants de manière positive sera, enfin, un chemin plus évident et nos attitudes avec eux seront plus naturelles. Ce ne sera plus un effort mental mais un vrai mouvement du cœur. Sortons de nos culpabilités, de nos souffrances. Réinterrogeons notre rapport à nos parents et nos allégeances. Sans pour autant se mettre en posture de juge où même d’arrêter de les aimer. Car malgré le degré plus ou moins forts de leurs erreurs, de leurs manquements, ils ont fait du mieux qu’ils ont pu avec les cartes qu’ils ont eux-mêmes reçus.
Sans suppléer à un vrai travail intérieur, je vous propose que l’on commence pas à pas, petit à petit, ensemble, dès aujourd’hui, dès cet instant en nous posant la question suivante : "Et si à partir de ce jour, de cet instant, vous preniez l’engagement solennel de ne plus jamais dire de mal de vous-même ?"*
Plus un seul « Que suis-je bête ! ». Plus un seul « Je suis nul-le ». Non ! Plus à partir de cet instant ! Dès que la moindre pensée négative sur nous-même pointe : STOP ! Arrêtons-nous et reformulons cette pensée. Adressons-nous à nous-même comme nous aimerions nous adresser à nos enfants.
"Ressentez-vous, au fond de vous, la justesse de cette promesse que vous pourriez vous offrir ?"
*Cette phrase je l’ai lue il y a quelques semaines. Pour être honnête avec vous, avec ma manie de dévorer plusieurs livres en même temps sans forcément les finir, et ma passion pour les citations, je ne saurais vous dire d’où elle est sortie (mais si vous l’avez déjà lue et que vous vous souvenez d’où elle provient je suis preneuse).