Partir seuls entre ados en vacances, la première fois, est un événement. Ce séjour sera d'autant plus réussi qu’il aura été mis au point avec les parents. Dans le cas contraire, il peut tourner à la catastrophe. Ce qu'il faut savoir...
Le besoin d'indépendance des adolescents
Vers l'âge de douze-treize ans pour les filles, et plutôt quatorze ans pour les garçons,de nombreux jeunes demandent à partir en vacances chez un copain ou une copine. Notamment lorsqu'ils n'ont pas l'occasion de passer leurs vacances scolaires avec des cousins ou cousines du même âge, ou de retrouver des amis sur leur lieu de séjour.
« Régulièrement, notre fille Capucine, treize ans, part chez sa meilleure amie en vacances, explique Lætitia, sa mère. De notre côté, nous invitons son amie de temps en temps. Cela leur permet de partager de nombreuses activités sans adulte, et de ne pas rechigner à partir avec les parents. »
C'est une première étape vers l'autonomie, cette expérience sera bénéfique pour votre ado.
Vers seize ans, les jeunes éprouvent souvent le désir de partir seuls entre amis. Les parents estiment souvent que c'est très tôt. Mais quel que soit l'âge de leur enfant, ne le considèrent-ils pas toujours comme trop jeune pour s'émanciper ? Il est important d'entendre leur demande, ce qui ne signifie pas pour autant y répondre positivement dans l'immédiat.
Tout d'abord se montrer responsable
L'adolescent doit, dans un premier temps, faire la preuve de sa capacité à être autonome, à ne pas mettre en jeu inconsciemment sa sécurité. Dans un premier temps, on peut lui proposer, à l'occasion d'une absence des parents, de lui laisser la maison pour deux jours. Cela permettra, au retour, de vérifier que l'appartement est propre, que la vaisselle sale ne traîne pas dans l'évier, et que les voisins ne se sont pas plaints du bruit.
Tout s'est bien passé ? On peut alors accepter de laisser partir son ado un week-end, en chambre d'hôtes. Il devra ainsi, sur un laps de temps court, gérer son argent, son linge, ses repas.
Les programmer à l'avance
Ces premières vacances entre jeunes doivent se prévoir plusieurs mois avant le départ, car il est important d'aborder certains points avec son adolescent. Il faut connaître les dates et le lieu de son séjour : il est normal que les parents demandent une adresse précise et un numéro de téléphone où pouvoir joindre leur enfant. Savoir également avec qui il part et comment (en train, en voiture...).
Il faut aussi élaborer avec lui un "budget vacances" (prix moyen de chaque repas, sorties, trajet...). Et, surtout, il est primordial de le mettre en garde sur les risques liés à l'alcool et à la drogue. La sexualité ne doit pas être un sujet tabou, même s'il est parfois délicat d'en parler aux parents . Tous ces thèmes doivent être discutés, au risque de passer pour des "rabat-joie" !
Les vacances, ça se gagne !
L'acquisition de l'autonomie passe aussi par le côté financier. L'adolescent doit apporter sa contribution. Avant la majorité, il peut lui être difficile de trouver un travail saisonnier. Aux parents d'être inventifs et de lui proposer des menus travaux rémunérés : ranger la cave, faire les courses d'une voisine âgée, laver la voiture... « L'été dernier, je voulais partir une semaine au bord de la mer avec des amis, explique Clémence, 17 ans. Pour cela, j'ai fait quinze jours de baby-sitting au mois de juillet. Ce qui m'a permis, en plus de mon argent de poche, de financer une partie de mes vacances. Mes parents m'ont aidée en m'offrant le billet de train. »
Cette participation est importante. Tout d'abord, l'adolescent sera fier d'avoir gagné son argent. Ensuite, il profitera mieux de ses vacances, car les ayant méritées en travaillant, il aura à cœur de ne pas les gâcher : quelque chose de gratuit a toujours moins de valeur. ça fait grandir...
Bien préparées, ces premières vacances sans les parents peuvent avoir des retombées très positives pour le jeune. Elles lui permettront de découvrir l'étendue de ses capacités et la nécessité d'assumer le quotidien : faire les courses, préparer les repas, laver le linge... autant de corvées que de nombreux jeunes n'ont pas l'habitude de faire chez eux. C'est une bonne manière d'apprendre à se prendre en main. « Les premiers jours c'était dur, se souvient Noé, 19 ans. On se levait tellement tard avec les copains que le supermarché était toujours fermé quand on voulait faire les courses. Alors on mangeait n'importe quoi : frites, hamburgers, crêpes. »
A l'inverse, des vacances peu cadrées par les parents peuvent prendre une mauvaise tournure. Un jeune livré à lui-même, du jour au lendemain, aura plus facilement des conduites à risques, car il voudra profiter pleinement de cette liberté inhabituelle. Il aura l'impression, loin du cocon familial, d'être le maître du monde et de pouvoir ainsi transgresser les interdits parentaux. La liberté donnée du jour au lendemain n'est pas bonne. Elle doit s'acquérir pas à pas, au fur et à mesure que le jeune acquiert de la maturité.
Inquiets ou pas, il est normal que les parents souhaitent avoir des nouvelles de leur enfant. La fréquence de celles-ci dépendra du temps de séjour. Elle est à fixer ensemble, mais on peut raisonnablement demander à être appelé une à deux fois par semaine. Ces rendez-vous téléphoniques sont importants. Ils représentent une parole donnée par l'adolescent à sa mère et à son père et sont, en quelque sorte, une protection parentale assurée à distance. Le jeune à qui on a demandé d'appeler régulièrement chez lui n'a pas le même comportement que celui laissé entièrement libre de donner ou non de ses nouvelles.
Au retour : accepter qu'ils aient changé
Sans être curieux, les parents meurent d'envie de demander à leur ado "Comment ça s'est passé ?" "Qu'as-tu fait ?" "As-tu rencontré d'autres jeunes ? En fait, il ne faut pas s'attendre à ce qu'ils racontent en détails ce qu'ils ont vécu ! Il faut accepter que ces vacances soient leur jardin secret.
Et le plus sûr moyen de savoir si elles se sont bien passées, c'est de les regarder vivre. Ils sont heureux, ils sourient et voient leurs amis. Tout va bien. Durant leur séjour, ils ont acquis une certaine autonomie. Il faut la leur conserver, voire la faire fructifier. Pas question de les reprendre sous la coupe parentale et de les considérer à nouveau comme un petit garçon ou une petite fille. Il ou elle a su se prendre en main, il faut que cela continue : laisser son enfant laver le linge qu'il a utilisé durant son séjour ou nettoyer la tente dans laquelle il a dormi.
Son absence n'a duré qu'une ou deux semaines et, pourtant, on a l'impression de ne plus le reconnaître. C'est normal. Durant ce laps de temps, l'adolescent a potentialisé une maturité couvée pendant l'année scolaire. Une nouvelle étape commence pour lui et vous...