Vous aussi votre enfant semble souffrir de brûlures graves lorsque vous le douchez avec une eau qui vous semble tiède? Il ne supporte aucune couture, que ce soit à ces vêtements ou chaussettes? Les bruits trop forts semblent le faire réellement souffrir? Je pourrais citer encore beaucoup d'autres caractéristiques de l'hypersensibilité, mais les parents concernés auront tout de suite reconnu leur quotidien souvent difficile. Un trait de personnalité retrouvé chez environ 20% de la population.
L'hypersensibilité est une qualité souvent mal comprise et souvent jugée. Et parce que les étrangers et nos proches aiment donner des conseils non sollicités, les parents d’enfants hypersensibles ont tout entendu.
Voici une liste regroupant quelques réflexions déjà entendues, et qu'on ne veut plus entendre!
1. "Il va falloir qu'un jour il se durcisse."
La science apporte des éléments très importants sur ce sujet. Les personnes ayant une «sensibilité du traitement sensoriel (SPS)» déterminée par une échelle de personne hautement sensible (HSP) montrent une activité cérébrale accrue lorsqu'elles sont exposées à divers stimuli.
«… Les scores HSP étaient associés à une activation plus forte des régions du cerveau impliquées dans la prise de conscience, l'empathie et le traitement de soi-même. Ces résultats prouvent que la prise de conscience et la réactivité sont des caractéristiques fondamentales du SPS et montrent comment le cerveau peut en déduire ces caractéristiques. »
Les personnes extrêmement sensibles ne se "durcissent" pas, elles sont câblées pour la sensibilité. Ils peuvent développer des callosités émotionnelles en tant que mécanisme de défense, mais ils resteront probablement les mêmes personnes sensibles sous ce personnage.
2. "Il est vraiment émotif!"
Oui effectivement, cela pourrait être une observation juste, mais elle n'est pas utile. Les hypersensibles éprouvent souvent des émotions plus intensément que les autres enfants. Ted Zeff, Ph.D, spécialiste de la sensibilité, explique dans une interview avec le Huffpost , des personnes hautement sensibles :
«… aiment traiter les choses à un niveau profond… Elles sont très intuitives et vont très profondément à l'intérieur pour essayer de comprendre les choses.»
La bonne nouvelle est que les émotions ne sont pas bonnes ou mauvaises; ils sont un fait neutre de la vie. Nous ne rencontrons des problèmes que lorsque nous laissons nos enfants vivre leurs émotions de plein fouet.
3. "Vous projetez juste."
Certaines études suggèrent que la sensibilité a une composante génétique. Il est vrai que certains parents sont également très sensibles, cela pourrait être donc évident, mais pas pour moi. Lorsqu'un parent prend au dépourvu les sentiments de son enfant, c'est probablement parce qu'il a lui aussi une sensibilité accrue! Il ne s’agit pas tant de projeter sa sensibilité sur son enfant que de se lier fortement à ses expériences.
4. "Il te manipule."
Un jeune enfant n'a pas la maturité cérébrale pour manipuler son parent. Il manifeste des besoins, de façon très intenses chez les enfants hypersensibles. Lorsqu'un enfant exprime un besoin, il se sent vulnérable à ce moment-là, il a besoin de se tourner vers sa figure d'attachement pour retrouver une sécurité affective. Les étiquettes sont extrêmement nocives et n'apportent rien de positif.
Le Dr. Deborah MacNamara souligne :
"les enfants hypersensibles exigent souvent plus d'attention avant que leurs besoins émotionnels soient satisfaits. Rien de tout cela n'est manipulateur. Si vous avez un enfant qui a besoin d'un goûter à la mi-journée et un autre qui n'en a pas, vous ne pouvez pas étiqueter celui qui a besoin d'un goûter comme manipulateur ou lire une intention mauvaise dans une demande de manger. Vous prendriez cela au pied de la lettre. Les besoins émotionnels doivent être traités de la même manière."
5. "Il ne dort toujours pas la nuit entière?"
Demandez à n'importe quel parent d'un enfant hypersensible, et ils vont probablement parler des ennuis de sommeil. Il est difficile pour les hypersensibles de filtrer les informations, y compris leurs propres pensées et sentiments. Un expert du sommeil sur le site Web Sleep Lady a déclaré:
«Les enfants très sensibles peuvent avoir encore plus de difficultés à dissiper ces émotions au moment d'aller se coucher.»
J'ai longtemps bataillé avec le sommeil de mon aîné. J'étais épuisée pour lui. Puis un jour, j'ai finalement lâché prise et non pas abandonné. J'ai décidé qu'il était temps d'arrêter d'écouter les livres, les "professionnels" et d'écouter simplement mon fils. Son sommeil s'est nettement amélioré, petit à petit bien sûr et sur plusieurs années, j'ai pu lui proposer un meilleur accompagnement.
6. "Parfois, nous devons simplement obliger nos enfants à faire des choses qu'ils ne veulent pas faire."
Ceci peut être un argument recevable si ce que notre enfant ne veut pas faire concerne la sécurité comme monter dans son siège auto ou traverser une route très fréquentée. Même si chez nous il est hors de question de contraindre ou soumettre l'enfant, nous discutons beaucoup, trouvons des compromis pour que tout le monde s'y retrouve et que cela se fasse en douceur. Cela ne s'applique pas aux situations sociales ou aux expériences qu'un enfant très sensible n'est pas encore équipé à gérer. Cela ne veut pas dire que nous devrions surprotéger nos enfants hypersensibles, mais nous devrions suivre leur exemple et pousser doucement lorsque nous sommes convaincus qu'ils sont prêts pour une nouvelle expérience dans laquelle ils vont probablement prospérer.
7. "Vous allez devoir couper le cordon à un moment donné."
Les enfants très sensibles ont souvent besoin de plus de temps pour se préparer aux nouvelles situations et personnes. Ils peuvent ne pas être prêts pour le préscolaire quand les autres enfants le sont, et ils peuvent nous coller comme de la colle dans de nouvelles situations. Écouter votre enfant ne fait pas de vous un parent "hélicoptère", mais d'un parent qui est à l'écoute des besoins de son enfant.
Plus d'une fois je me suis demandée si retarder son entrée à l'école n'allait pas le pénaliser, au niveau social ou de ses apprentissages. J'ai toujours écouté mon enfant, en l'accompagnant sans jamais le forcer à quoi que ce soit et j'imagine que c'est ce qui l'aide dans son quotidien. Permettre à nos enfants de grandir à leur rythme est un cadeau pour eux et pour nous-mêmes; il n'y a aucune raison de mettre trop de pression sur nous-mêmes pour rendre nos enfants indépendants ou autonomes avant qu'ils ne soient prêts.
Dans mon top des réflexions à la con déjà entendues, je peux encore ajouter :
- "Il pourrait faire des efforts quand même."
- "Il n'exagère pas un peu?"
- "Comment il fera à l'école/sans toi?"
- "Tu ne devrais pas céder"
- "Oh, c'est bon c'est rien."
Je voulais juste rappeler que nos enfants ne sont pas fabriqués à la chaîne. Ils ont tous des sensibilités différentes, des émotions différentes, des personnalités différentes. Les autres, je m'en fiche complètement. Les comparaisons je n'en veux pas. Mon fils est comme il est. Je lui apprendrais que son hypersensibilité est un cadeau et qu'il peut en faire une force. Les réflexions des autres ne connaissant pas un dixième de ce qu'une personne hypersensible peut vivre ou ressentir au quotidien ne comptent absolument pas, même si elles ne percutent et nous blessent sur le moment.
Ho merci, vraiment ?
Bonsoir
Merci pour ce partage. Je ne l’ai est pas toutes (encore) entendue. Mais c’est tellement ça !
J’aurai une petite question : auriez vous des livres à proposer traitant de ce sujet ? Concernant les enfants ,et même les adultes. Merci beaucoup
J aurais une question on m’a dit que ma fille bébé à ce moment là avait une hypersensibilité de la peau et une hypertoni! Déjà bébé même nouveau née elle déteste le contacte avec sa peau ( massage vêtement bain ) tout était très compliqué elle a maintenant 2 ans et demi et déteste toujours autant qu on lui caresse les cheveux ou lui applique de la crème pour le bain elle veux se laver seul et préfère de cette Magniere !
Ma question est à l école il lui a fallu 5-6 mois pour accepter que sa maîtresse la prenne en photo elle ne lui parle que depuis 2-3 mois mais n a eu aucun souci avec son atsem pensez vous qu’elle soit hypersensible ? J ai reconnu beaucoup de chose de votre dans son comportement au quotidien
Merci pour votre texte j adore lire vos publication
Je suis tout à fait d’accord avec toi.
Ton article reflète bien plusieurs problématiques de notre société :
– la non-reconnaissance des émotions (dans le sens où elles n’ont pas la place d’exister et de se montrer),
– l’émotion comme signe de faiblesse (alors que sentir les choses / y être attentif / être connecté aux autres, à la nature devrait être considéré comme une force)
– la place de l’enfant, que l’on ne doit pas accompagner mais contrôler (comme si la relation à l’autre, et qui plus est à notre enfant, n’était que rapport de force).
Ah que ces réflexions ont gâchées ma vie ! Et comme il n’y a pas de méthode pour élever un enfant, on pense parfois faire mal et on doute de ce que notre instinct nous dit !!! Merci pour cet article il m’a fait du bien !
C’est une situation très difficile aussi bien pour les enfants que pour les parents. J’étais un peu dans ce cas quand j’étais gamine et je peux vous dire qu’il y avait des moments vraiment durs pour moi.
C’est tout à fait ça…En fait il faudrait former les accompagnants de nos enfants: les maitresses pour commencer…C’est toujours plus facile de remettre la faute sur le parent ( et souvent la mère , hypersensible aussi )plutôt que de chercher d’ou vient vraiment le problème…et ce que c’est, ses copntraintes. Ces enfants veulent juste « faire comme les autres » sans le pouvoir et pas le vouloir comme certains tendent à le croire !
Notre ergotherapeute nous a conseillé un livre, que je conseille à mon tour à tous les parents d’enfants « extraordinaires »: « L’enfant extraordinaire
Comprendre et accompagner les troubles des apprentissages et du comportement chez l’enfant » de Isabelle Babington