Les scientifiques ont depuis longtemps émis l'appréciation que le son des pleurs du bébé a les trois caractéristiques du signal parfait.
1- les pleurs de bébé - le signal parfait
En premier, un signal parfait est automatique. Un nouveau-né crie par réflexe. Le nourrisson ressent un besoin qui va déclencher une inspiration d'air soudaine suivie d'une forte expulsion de cet air au travers des cordes vocales qui à leur tour vibrent pour produire le son que nous appelons "pleurs". Durant les premiers temps, le petit nourrisson ne pense pas "quelle sorte de son va mener à ce que l'on me nourrisse?", il crie juste de manière automatique. De plus, ces pleurs sont facilement générés. Une fois que ses poumons sont remplis d'air, le nourrisson peut initier les pleurs avec très peu d'efforts.
Deuxièmement, les pleurs sont adéquatement dérangeants: suffisamment stridents pour obtenir l'attention de celui ou celle qui s'en occupe, mais pas au point de lui faire vouloir échapper au son entièrement.
Troisièmement, les pleurs peuvent se modifier au fur et à mesure que l'émetteur et le receveur apprennent à rendre le signal plus précis. Le signal émis par chaque bébé est unique. Les pleurs d'un bébé sont le langage du bébé, et chaque bébé pleure (crie) différemment. Les chercheurs qui s'intéressent à la voix, appellent ces sons uniques les empreintes de pleurs, aussi uniques pour un bébé que ses empreintes digitales.
2. Répondre aux pleurs d'un bébé est biologiquement correct
La mère est biologiquement programmée pour donner une réponse maternante aux pleurs du nouveau-né, et pas pour se restreindre. Des changements biologiques fascinants ont lieu dans le corps de la mère en réponse aux cris de son enfant. Lorsqu'elle entend son bébé pleurer, la circulation sanguine augmente dans les seins de la mère, s'accompagnant d'une impulsion biologique de "prendre dans ses bras et nourrir".
L'allaitement au sein lui-même cause une décharge de prolactine, une hormone que nous supposons être la base biologique de ce que l'on appelle "l'intuition maternelle". L'ocytocine, l'hormone qui déclenche le reflex d'éjection du lait, provoque aussi des sentiments de relaxation et de plaisir, une manière plaisante de compenser la tension provoquée par les pleurs du bébé.
Ces sentiments vous aident à aimer votre bébé. Mamans, écoutez les indices biologiques de votre corps quand votre bébé pleure plutôt que les donneurs de leçons qui vous disent de faire la sourde oreille. C'est facile pour eux de vous donner de tels conseils, ils ne sont pas biologiquement connectés à votre bébé. Rien ne se passe au niveau de leurs hormones lorsque votre bébé crie.
3. Ignorer ou répondre au signal des pleurs ?
Une fois que vous savez apprécier la valeur du signal des pleurs de votre bébé, ce qui importe c'est de savoir ce que vous en faites. Vous avez deux options de base: ignorer ou répondre.
Ignorer les pleurs de votre bébé est en général une situation perdant-perdant. Le bébé complaisant abandonne et cesse de signaler, se renferme, et finalement se dit que pleurer ne vaut pas le coup, et conclue que c'est lui qui ne vaut pas le coup. Le bébé perd la motivation de communiquer avec ses parents, et les parents manquent une opportunité d'apprendre à connaître leur bébé. Tout le monde perd. Un bébé avec une personnalité plus persistante -la plupart des bébés aux besoins intenses- n'abandonne pas si facilement. A la place, il crie de plus en plus fort et c'est l'escalade dans l'intensité de son signal, le rendant de plus en plus dérangeant.
Vous pourriez ignorer ce signal persistent de plusieurs manières : vous pourriez attendre qu'il ait fini de pleurer, puis le prendre afin qu'il ne pense pas que ce sont ses pleurs qui ont attiré votre attention. C'est en fait une sorte de lutte pour le pouvoir. Vous apprendriez au bébé que vous contrôlez les choses, mais aussi qu'il n'a pas capacité à communiquer. Cela ferme la communication parent-enfant, et sur le long terme, tout le monde perd. Vous pourriez aussi vous désensibiliser complètement, jusqu'à ce que vous ne soyez plus du tout "dérangé" par les pleurs, et ainsi apprendre au bébé que l'on ne s'occupe de lui que si c'est "le bon moment". C'est une autre situation perdant-perdant. Le bébé n'obtient pas ce dont il a besoin, et les parents se retrouvent dans un état d'esprit qui ne leur permet pas de profiter de la personnalité unique de leur bébé.
Vous pourriez aussi prendre votre bébé pour le calmer et le reposer ensuite parce que "ce n'est pas encore le bon moment pour le nourrir". Après tout il doit apprendre à être heureux "indépendamment". Perdant-perdant encore une fois, il va se remettre à pleurer et vous vous sentirez en colère. Il va apprendre que ses tentatives de communication, bien qu'entendues, n'obtiennent pas la réponse adéquate, ce qui peut le mener à ne plus se faire confiance: "Peut-être qu'ils ont raison. Peut-être que je n'ai pas vraiment faim".
4. Soyez maternante
L'autre option est de répondre promptement et de manière maternante. C'est gagnant-gagnant pour le bébé et pour la mère qui s'appliquent a mettre au point un système de communication qui les aide tous les deux. La mère répond promptement et sensiblement, de telle sorte que le bébé sera moins désespéré la prochaine fois qu'il a besoin de quelque chose. Le bébé apprend à "crier mieux", d'un manière moins dérangeante puisqu'il sait que sa mère va venir. Les mères structurent l'environnement du bébé de sorte à ce qu'il ait moins besoin de pleurer; elle le garde proche d'elle si elle sait qu'il est fatigué et prêt à dormir. La mère augmente aussi sa sensibilité aux pleurs, et ainsi leurs donne la réponse adéquate. Une réponse rapide lorsque le bébé est jeune et est facilement déstabilisé ou lorsque le cri rend clairement compte qu'il y a danger; une réponse plus lente lorsque le bébé est plus vieux et commence à apprendre à régler certains désagréments de son chef.
Répondre de manière appropriée aux pleurs de votre bébé est le premier et le plus difficile défi de communication auquel vous allez faire face en tant que mère. Vous ne maîtriserez ce système qu'après la répétition des milliers d'appels-réponses des premiers mois.
Si initialement, vous considérez les pleurs du bébé comme un signal auquel on doit répondre et qui doit être évalué plutôt que comme une habitude malheureuse à perdre, vous vous ouvrez la possibilité de devenir experte sur tout ce qui concerne votre bébé.
Chaque signalétique mère-bébé est unique. Voilà pourquoi il est tellement de courte-vue de la part des "entraîneurs de pleurs" de prescrire une formule toute faite du genre "laissez-le pleurer 5 minutes la première nuit, 10 minutes la seconde" et ainsi de suite.
5. Ce n'est pas de votre faute si bébé pleure
Parents, haut les cœurs ! Si vous réagissez bien à votre bébé et que vous essayez de lui faire se sentir en sécurité dans ce nouveau monde, vous ne devez pas penser que c'est de votre faute si votre bébé pleure beaucoup. De même que ce n'est pas vous qui décidez que votre bébé arrête de pleurer. Bien sûr, restez ouverts pour apprendre de nouvelles manières d'aider votre bébé (comme changer de régime alimentaire si besoin, une nouvelle manière de porter votre bébé) et avertissez votre médecin si vous suspectez une cause physique derrière les pleurs. Mais il y aura des moments, lorsque vous ne savez pas pourquoi votre bébé pleure, vous vous demanderez si le bébé lui-même le sait. Il y a des fois où le bébé peut simplement avoir envie de pleurer, ne vous sentez pas désespéré si aucun de vos remèdes habituels ne marche.
C'est un fait dans la vie de nouveaux parents: bien que les bébés pleurent pour exprimer un besoin, leur manière de pleurer dépend aussi de leur propre tempérament. Ne prenez pas les pleurs de votre bébé contre vous. Votre boulot est de créer un environnement positif qui fera décroître le besoin de pleurer du bébé, d'offrir des bras aimants et relaxés pour que le bébé ne pleure pas tout seul, et de poussez comme vous le pouvez le travail de détective qui consiste à chercher pourquoi votre bébé pleure et de quelle manière vous pouvez l'aider. Le reste, c'est le bébé qui décide.
"Lorsque je me sentais déstabilisée dans mon maternage, je demandais à une mère calme et raisonnée, impartiale, d'observer comment je me comportais avec mon bébé, un jour typique, chez moi. Bien que je sache que je suis l'expert en ce qui concerne mon propre bébé, parfois c'est difficile d'être objective, et la voix de l'expérience peut apporter de l'aide."
6. Ce que la recherche nous apprend
Les chercheures Sylvia Bell et Mary Ainsworth ont mené des études dans les années 1970 qui auraient du mettre a l'index et pour de bon les théories sur les enfants gâtés. (Il est intéressant que jusqu'à ce moment-là, les auteurs qui se sont intéressé au développement de l'enfant et qui prêchaient le "laissez-les pleurer" étaient presque tous des hommes. Il a fallu que des femmes chercheures commencent à rectifier le tir.)
Ces chercheurs ont étudié deux groupes de couples mère-nourrisson. Le groupe 1 était constitué de mères donnant des réponses promptes et maternantes aux pleurs de leur enfant. Le groupe 2 était constitué de mères plus restreintes dans leur réponse. Elles ont trouvé que les enfants du groupe 1 auxquels les mères avaient répondu tôt et de manière plus maternante étaient moins portés à utiliser les pleurs comme moyen de communication lorsqu'ils avaient un an. Ces enfants semblaient plus sûrement attachés à leur mère et avaient développé de meilleurs talents de communication, devenant moins pleurnichards et manipulateurs.
Jusqu'à cette époque, on avait fait croire aux parents que s'ils prenaient leur bébé dans les bras chaque fois qu'il pleurait, il n'apprendrait jamais à se calmer et deviendrait encore plus exigeant.
D'autres études ont été menées pour définitivement abattre les théories sur les enfants gâtés, montrant que les bébés dont les pleurs ne recevaient pas de réponse prompte se mettaient à pleurer plus, plus longtemps, et d'une manière plus dérangeante.
Dans une étude qui comparait deux groupes de bébés en pleurs, dans l'un des groupes, les nourrissons recevaient une réponse immédiate et maternante, tandis que dans l'autre groupe, on laissait les enfants pleurer. Les bébés dont les pleurs recevaient une attention sensible pleuraient moins par 70%. Les bébés qu'on laissait pleurer par contre, ne réduisaient pas leurs pleurs.
Essentiellement, la recherche a montré que les bébés dont les pleurs étaient entendus et auxquels on répondait, apprenaient à "pleurer mieux", les bébés qui étaient le produit d'un style de maternage plus restreint apprenaient à "pleurer plus fort". Il est intéressant de noter que ces études ont montré des différences non seulement dans la manière de communiquer des bébés avec leurs parents en fonction des réponses qu'ils obtenaient à leurs cris, mais aussi des différences au niveau des mères.
Les études ont montré que les mères qui donnaient une réponse plus restreinte et moins maternante, devenaient graduellement insensibles aux pleurs de leur bébé, et cette insensibilité se propageait à d'autres aspects de leur relation parent-enfant. La recherche a montré que laisser un bébé pleurer gâte toute la famille.
7. Pleurer n'est pas bon pour les poumons du bébé
Un des exemples les plus ridicules du folklore médical est le dicton "laissez le pleurer, c'est bon pour ses poumons".
A la fin des années 70, la recherche a montré que les bébés qu'on laissait pleurer avaient des rythmes cardiaques qui atteignaient des niveaux inquiétants et baissaient le taux d'oxygène dans leur sang. Quand les pleurs de ces bébés étaient calmés, leur système cardiovasculaire retournait rapidement à la normale, montrant à quel point les bébés reconnaissaient rapidement l'état de bien-être au niveau physiologique.
Si les pleurs du bébé ne sont pas calmés, il est dans une détresse aussi bien physiologique que psychologique.
La croyance erronée comme quoi pleurer est sain, survit encore aujourd'hui dans les échelles du score d'Apgar, une sorte de test que les médecins utilisent pour évaluer rapidement l'état d'un nouveau né les premières minutes après sa naissance. Les bébés obtiennent deux points supplémentaires pour "cris vigoureux". Je me souviens avoir réfléchi sur ce concept au milieu des années 70 alors que j'étais directeur d'une pouponnière dans un hôpital universitaire, avant même de devenir le père d'un bébé aux besoins intenses, ce qui m'a rendu un ferme opposant du "laissez-les pleurer". Il me semblait que donner des points pour des cris était insensé physiologiquement.
Le nouveau-né dans un état de veille calme, respirant normalement, et en fait plus rose que l'enfant qui pleure, perdait des points au score d'Apgar. Ça me surprend toujours que le plus intrigant des sons humains, les pleurs du bébé, soit encore aussi incompris.
Un texte du Docteur Sears
Bonjour,
Mon bébé pleure très fort, crie fort à la moindre contrariété.
Et pourtant je suis fervente de tous ce que vous parlez dans ce site et je suis pro maternage. Alors je me
Disais que je ne répondais pas
Adéquatement vu que mon bébé continue à pleurer très fort (pas
Forcément beaucoup mais très fort en se mettant sans des colères très fortes. Et bien sûr si je ne viens pas de suite les hurlements sont de plus en plus fort. Parfois il pleure encore plus fort alors que je l’ai dans mes bras et que je ne le berce pas ou chante pas ou que je ne parle pas doucement pendant quelque minute (quand je le garde simplement dans les bras). Lors de ses crises (fatigué, faim, douleurs, n’importe) parfois je le pose pour m’installer et lui donner le sein. Il hurle de plus belle si je le pose. Bref vous m’avez compris … je commence à douter et me dire que même si je réponds aux pleurs et j’essaie d’identifier ces besoins (pas toujours clairs pour moi) il pleure quand même très fort … alors suis je adéquate ? Peut-être que je ne sais pas ce qu’il a besoin ?