3 idées fausses sur l'allaitement pendant la grossesse
C'est une question que l'on me pose assez souvent : "peut-on allaiter pendant la grossesse ?" Il est vrai que la désinformation circule largement autour de ce sujet, poussant de nombreuses mamans à abandonner l'allaitement et à sevrer l’aîné dès qu'elles apprennent leur grossesse. Nous allons voir ensemble les trois fausses idées les plus répandues, mais avant toute chose, rassurez-vous : il est tout à fait possible d'allaiter pendant une grossesse, et même poursuivre l'allaitement des deux enfants après la naissance. De nombreuses mamans l'ont fait ; de plus, le lait s'adapte parfaitement aux besoins des deux enfants.
Une étude réalisée en 1977 par le Docteur Niles Newton a été menée sur 500 femmes membres de La Leche League, enceintes alors qu'elles allaitaient toujours. L'étude a révélé que 66% des participantes sevrèrent leur enfant pour diverses raisons et sur les 158 femmes qui ont poursuivi l'allaitement, 77% ont affirmé qu'elles recommenceraient probablement, contre seulement 6% qui ne recommenceraient sûrement pas.
- Non, l'allaitement ne privera pas le foetus des nutriments indispensables
Concrètement, si la maman mange normalement et de manière saine en privilégiant des aliments nutritifs, il n'y a aucun risque pour le foetus d'être privé des nutriments indispensables pour son bon développement. Le lait maternel sera toujours aussi riche pour l'enfant allaité.
D'ailleurs, une étude a été menée au Guatemala sur les suppléments nutritionnels ; la moitié des participantes sont tombées enceintes pendant leur allaitement. L'étude a montrée que la poursuite de l'allaitement n'avait absolument pas affecté la croissance du foetus.
2. Non, votre lait ne deviendra pas mauvais pour l'enfant allaité.
Je pense que c'est l'idée la plus répandue concernant l'allaitement durant la grossesse, mais non, non et non, le lait maternel ne deviendra jamais "moins bon". Au cours de la grossesse, la maman va vivre une baisse de production, rien de bien méchant, surtout si l'enfant ne dépend pas exclusivement du lait maternel. La composition du lait va se modifier pour devenir du colostrum. Il aura un goût légèrement plus salé, mais l’aîné peut en boire sans aucun problème. Il saut savoir que le colostrum peut avoir un léger effet laxatif sur l'enfant.
D'ailleurs, l'OMS estime qu'il est "certainement préférable d'améliorer le régime de la mère avec des aliments facilement disponibles que d'interrompre l'allaitement à cause d'une nouvelle grossesse, surtout les endroits où l'on n'est pas assuré de trouver des aliments de sevrage appropriés".
3. Non, le risque de fausse-couche ou d'accouchement prématuré n'augmentera pas
On pourrait croire que l'allaitement peut provoquer fausse-couche ou accouchement prématuré à cause de l'ocytocine que déclenche une tétée, mais les seuls "récepteurs à ocytocine" que la femme détient jusqu'à la fin de grossesse sont ceux liés à la glande mammaire ; c'est en toute fin de grossesse que ceux liés à l'utérus apparaîtrons. D'autre part, les relations sexuelles donnent elles aussi des contractions, beaucoup plus fortes que celles que l'on pourrait ressentir en allaitant ; pourtant, les rapports sont autorisés pendant la grossesse, à quelques exceptions près bien entendu. C'est pourquoi nous pouvons établir que tant que les rapports sexuels sont autorisés, l'allaitement l'est aussi.
D'autre part, il faut noter que l'allaitement pendant la grossesse manque d'études scientifiques, mais grâce à leur riche expérience, le Comité Médical Consultatif de La Leche League International a pu affirmer que les contractions éventuellement induites par l'allaitement ne risquent pas de provoquer de fausse-couche ou d'accouchement prématuré.
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