Les douces violences font malheureusement partie du quotidien de nos enfants et ont même fait partie du nôtre. Nous disons violences, et pourtant ce ne sont pas les gifles, les fessées ou autres châtiments corporels dont il est question ; ce sont plutôt des paroles, des jugements qui placent l'enfant dans une insécurité affective et le déconnectent de l'adulte.
À ce moment précis, l'enfant n'est plus vu comme une personne à part entière. Ce sont des moments certes courts, mais qui se répètent plusieurs fois dans une même journée, le tout passant presque inaperçu. Dans la grande majorité des cas, l'adulte n'a pas l'intention de faire du mal à l'enfant, il ne se doute même pas que ses paroles auront un impact sur lui. Nous prononçons certaines phrases presque machinalement, comme si elles faisaient parties de nos habitudes, de notre quotidien car oui, ce sont des phrases que nous avons déjà nous-même entendu, nos parents ayant pu nous les dire. Une fois de plus, le parent entre dans la spirale infernale de la reproduction du schéma familial. J'aime prendre conscience de mes erreurs, cela me permet de m'améliorer en tant que parent, même si je ne serai jamais parfaite. D'ailleurs, cela ne s'adresse pas seulement aux parents, mais également aux professionnels de la petite enfance.
"Douces violences" est un oxymore, c'est-à-dire qu'il réunit deux mots opposés. Comment une violence peut être douce ? Le terme "violence" est là pour montrer la puissance de l'impact des paroles prononcées par le parent touchant de plein fouet l'estime de soi, la sécurité affective de l'enfant, portant même atteinte à sa personne en le blessant. Le terme "douce" est là pour atténuer le mot violence puisque l'adulte n'a pas l'intention de faire du mal et n'a pas conscience de cela.
Je vais vous citer plusieurs exemples non exhaustifs de douces violences tirés du livre "Repérer et éviter les douces violences : dans l'anodin du quotidien" par Christine Schuhl. Vous allez surement vous reconnaître, mais n'ayez pas honte. L'importance est d'en prendre conscience, d'y réfléchir et trouver des solutions pour s'en débarrasser.
L’accueil (du matin et du soir)
- Parler de l’enfant à la troisième personne, alors que l’enfant est au milieu de la transmission.
- Faire des transmissions essentiellement négatives.
- Critiquer ouvertement un parent qui vient de partir, devant son enfant (commentaire sur la ponctualité, les tenues vestimentaires, les habitudes parentales).
- Rompre des retrouvailles entre l’enfant et l’adulte qui vient chercher
Le jeu
- Forcer l’enfant à faire une activité.
- Presser l’enfant.
- Commenter négativement les acquisitions de l’enfant.
- Comparer les enfants entre eux.
- Ne pas laisser un enfant emporter un dessin (parce que ce dessin doit impérativement être dans le « dossier » de l’enfant).
- Culpabiliser l’enfant parce qu’il refuse une activité. "t'es nul, tu sais pas ce que tu loupes!"
- Se moquer de l'enfant qui perd un jeu
- L'enfant est entrain de jouer dans un parc et là, le parent qui en a marre, qui a froid veut rentrer. Bien sur, l'enfant n'est pas d'accord et on à le droit : "bon .... moi je m'en vais au revoir" l'adulte fait semblant de partir.
Le repas
- Forcer l’enfant à manger.
- Supprimer le dessert si l’enfant ne termine pas ce qu’il a dans son assiette.
- Faire du chantage.
- Mettre l’enfant au lit s’il ne veut pas manger.
- Mettre la serviette sous l’assiette de l’enfant, le rapprocher de la table, et lui tenir la main, l’empêchant ainsi de bouger.
- Empêcher l’enfant de dormir parce que c’est l’heure du repas.
- Empêcher l’enfant de manger tout seul parce qu’il va se salir.
- Critiquer la nourriture devant l’enfant que l’on forcera à terminer.
- Mélanger tous les aliments dans l’assiette.
- Laver le visage de l’enfant avec un gant d’eau froide, sans le prévenir, par derrière.
Autour du soin
- Parler entre adultes durant un change dans l’ignorance de l’enfant,
- Faire des commentaires sur l’hygiène de l’enfant, sur son anatomie, sur ses petits maux. "chochotte va!"
- Ne pas parler à l’enfant durant un soin.
- Prendre un enfant pour le changer sans le prévenir.
- Dire à un enfant qu’il est sale, qu’il pue.
- Empêcher l’enfant d’aller aux toilettes.
- Laisser longtemps l’enfant sur le pot, jusqu’à ce qu’il y ait quelque chose dedans.
- Gronder un enfant qui fait caca, alors que l’on vient juste de le changer.
- Parler devant tout le monde d’un souci concernant l’enfant dont on s’occupe.
Le sommeil
- Forcer un enfant à dormir.
- Ne pas coucher l’enfant lorsqu’il a sommeil.
- Réveiller rapidement un enfant qui dort –sans explicitation-
- Laisser les enfants dans leur lit lorsqu’ils sont bien réveillés pour attendre que tous les autres enfants soient réveillés.
- "Si tu ne dors pas, un monstre va venir te chercher!"
Au fil de la journée
- Juger par la dévalorisation.
- Parler à l’enfant à la troisième personne (« Sébastien n’est pas gentil, il a encore tout renversé ! »).
- Forcer l'enfant à embrasser les gens
- Soupirer régulièrement en sa présence
- "Tu n'y arriveras pas! Tu es comme moi, nul en math!"
Crédit photo : assolocal.fr
Une réaction à Nos enfants et les douces violences du quotidien