Voilà pourquoi je déteste l’adultisme

Il y a quelques temps déjà, je participais à un repas. Mon fils mangeait tranquillement son assiette. Une dame le fixait et parlait de façon a ce que toute la table entende ce qu'elle avait à dire : "C'est fou comme il mange !". Je n'ai pas relevé, mais je voyais cette dame continuer à le fixer et qui renchérissait : "C'est fou, je n'ai jamais vu un enfant manger autant...", "il est un peu fort, non ?" Une colère folle m'a alors envahie. Mon fils qui ne demandait rien et qui mangeait une simple assiette de crudité en plus, se faisait juger et humilier publiquement.

Vous vous doutez qu'en maman louve, j'ai remis cette dame et son sentiment de toute puissance à sa place. Ce comportement, je le vomis. Je ne digère pas l'intervention de cette femme. Elle reste au fond de ma tête et sur mon coeur. Et puis, j'entends parler de ce qu'on appelle "l'adultisme"...

Qu'est-ce que l’adultisme?

Le professeur Barry Checkoway de l’Université d'Ann Arbor dans le Michigan (États-Unis) définit l’adultisme comme suit : « Tous les comportements et les attitudes qui partent du postulat que les adultes sont meilleurs que les jeunes, et qu'ils sont autorisés à se comporter avec eux de n’importe quelle manière, sans leur demander leur avis. »

Et là, je me dis que mon fils a été clairement victime d'adultisme. Un adulte qui se permet d'adopter une attitude qu'il ne se permettrait jamais avec un autre adulte, mais "parce que c'est un enfant, on peut se le permettre". On peut dire tout ce qui nous passe par la tête et peu importe si cela peut le vexer, le blesser, l'humilier. On considère l'enfant non pas comme une personne à part entière, mais... on ne le considère pas, voilà ! On ne comprend pas que nos actes auront un grand impact sur eux, sur ces petits êtres qui ne demandent rien. On va rire, se moquer, juger un enfant sur ses émotions, sur son comportement, lui qui a déjà tant de mal à gérer tout cela, qui a énormément besoin qu'on le respect, qu'on l'estime.

Si on faisait la même chose avec un adulte, cela serait considéré comme une oppression, mais pourquoi est-ce que cela n'est pas le cas avec un enfant ? Car ce sont des personnes ayant eux-mêmes subi l'adultisme, ils ont grandit avec et trouve cela normal  ; pourtant, non, cela ne l'est pas. L'adultisme est une douce violence, une dévalorisation qui ne doit pas être prise à la légère et qui doit cesser. Il crée un manque de confiance en soi, une quête de reconnaissance chez l'enfant, cet adulte en devenir. Il apprend les inégalités et le non-respect de l'autre.

C'est la première forme de discrimination qui est vécue et apprise par l'enfant.

On apprend à nos enfants la paix, l'importance de l'écologie et pourtant nous trouvons tout à fait légitime et perpétuons l’injustice et l’oppression. Inconsciemment, nous apprenons à nos enfants que c'est celui qui a le plus de pouvoir qui contrôle celui qui en a le moins.

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